"Les utopies sont faites pour être réalisées" : Alexandre Rousseau, l’un des créateurs de la marque sud aveyronnaise Bleu de Chauffe

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    Alexandre Rousseau met en avant un savoir-faire plus que centenaire. BLEU DE CHAUFFE - JONATHAN GUILLOT
Publié le
PAULINE CHALIEZ

Un acteur économique majeur de la filière sud aveyronnaise du travail de la maroquinerie.

Alexandre Rousseau est l’un des créateurs de Bleu de Chauffe, entreprise créée en 2008 à St Georges-de-Luzençon. Originaire de l’Ouest de la France, il étudie à Paris avant d’intégrer la maroquinerie et l’horlogerie dans le groupe Richemont.
Ses expériences dans le luxe et le workwear (Ndlr : ce style tire ses origines des vêtements en denim utilisés par les cow-boys et les vêtements de travail des ouvriers américains et européens) en tant que designer l’amènent à travers l’Europe et l’Asie. De sa rencontre avec Thierry Batteux, salarié dans la même société que lui, naît Bleu de Chauffe.

"Les utopies sont faites pour être réalisées"

"C’est un ensemble de planètes qui se sont alignées," raconte Alexandre Rousseau. "On avait envie de partir et on aspirait à fabriquer différemment. J’allais plusieurs fois par an en Chine et je constatais que c’était l’usine du monde : des bâtiments à perte de vue avec des dortoirs pour hommes et pour femmes. J’avais l’impression de cautionner. À même pas 30 ans, j’étais utopiste. Mais après tout, les utopies sont faites pour être réalisées ". 

"Etre expert en étant différent"

"J’ai commencé en faisant les colis et les achats de matières. Puis je me suis entouré de professionnels meilleurs que moi dans ces domaines. Je suis un créatif donc j’ai gardé cette partie. Je travaille avec des gens avec qui je m’entends bien mais aussi qui forment un collectif qui fonctionne" confie Alexandre Rousseau qui s’emploie actuellement au développement de nouveaux marchés en Europe du Nord. Marié et père d’un garçon de 7 ans, il raconte : "Les lego et l’ennui favorisent la créativité, c’est toute mon enfance. J’essaie que mon fils ait une caisse à Lego bien remplie. Si des jeunes lisent mon portrait, je veux leur dire que même si on n’est pas un élève particulièrement doué, si on sait ce qu’on veut faire et qu’on est passionné, on peut développer des compétences. Il faut tendre à être expert en étant différent, en développant sa singularité". Passionné de planche à voile, le gérant de Bleu de Chauffe confie : "Quand je suis sur l’eau, je recharge les batteries".

Leur volonté : revenir à des productions plus propres et locales. Bien avant l’ère du Made in France, ils imaginent une fabrication française et artisanale avec une forte identité stylistique des produits. Alexandre Rousseau prône "la singularité de la marque", "les belles matières utilisées comme le cuir tanné végétal ou de très belles toiles de coton fabriquées de manière traditionnelle". Lui qui gère toujours la partie créative des produits précise d’ailleurs que "les copies d’Asie sont monnaie courante. L’utilisation de ces matières nous permet de nous protéger. Il s’agit d’un savoir-faire plus que centenaire qui n’existe qu’en Europe".

Les associés choisissent Saint Georges suite à leur rencontre avec Julien Hanchir, qui s’occupe de la partie fabrication, et pour l’écosystème existant sur le territoire autour du cuir. "On voulait être proches des salariés qui fabriquent nos produits. C’est hyperstimulant de pouvoir faire des allers-retours entre mon bureau et la partie production", explique le chef d’entreprise, illustrant les phases de prototypage.

De l’artisanat 2.0

"Quand j’ai quitté Paris, certains m’ont dit que je me mettais à l’abri de la mode. Pas du tout, nos produits partent de st Georges pour partout dans le monde. Un peu moins de 50 % des ventes se font en France. On fait de l’artisanat 2.0, c’est-à-dire que nos moyens de communication sont très modernes, on fait de belles photos et vidéos qui valorisent nos créations, on est sur les réseaux sociaux, on a un beau site internet mais notre manière de produire, elle, est toujours artisanale."

"L’essentiel est de garder un niveau de croissance mesuré, tout en continuant à former nos salariés et à créer de nouvelles gammes".  Une série de tee-shirts sortira d’ailleurs très prochainement. "C’est très ambitieux d’être raisonnable. On est prudent, on voit sur le long terme".

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