Feria de Nîmes : pourquoi ce monopole des toros de Murube sur la corrida à cheval ?

  • Dans les arènes de première et deuxième catégories en Espagne, 92 % des toros combattus sont issus de l’encaste Murube.
    Dans les arènes de première et deuxième catégories en Espagne, 92 % des toros combattus sont issus de l’encaste Murube. Midi Libre - Archives F. G.
Publié le , mis à jour
Stephan Guin

Si l’hégémonie du Domecq est critiquée dans la corrida à pied, le phénomène est plus marqué encore en rejon où le bétail d’origines Murube constitue la quasi-exclusivité du marché.

Dans une étude exposée par Paula Martinez Ros au congrès mondial taurin de Castellon en 2022, la professeure à la faculté vétérinaire de Valencia détaille une étude statistique réalisée sur une décennie. Dans les arènes de première et deuxième catégories en Espagne, 92 % des toros combattus sont issus de l’encaste Murube lors de la décennie précédente sur un échantillon de 3 092 animaux.

Un phénomène récent

Un phénomène récent, car seulement 40 % des braves pour la corrida à cheval à Madrid étaient issus de cette provenance depuis 1931 mais la quotité a explosé pour atteindre 89 % sur les dix dernières années. Une période où l’on a retrouvé exclusivement du Murube dans des plazas comme Pampelune, Valencia, Salamanque ou Santander. Les cavaliers apprécient leur noblesse, leur galop et le rythme constant de leurs charges pour offrir le meilleur de leur tauromachie. Ainsi, l’encaste Murube représenté par les ganaderias de Fermin Bohorquez, les fers du Niño de la Capea (San Pelayo, El Capea et Carmen Lorenzo) ou, encore Los Espartales, Luis Terron et Sanchez et Sanchez, monopolisent les cartels des corridas de rejon.

Lea Vicens détaille les caractéristiques de cet encaste et les exigences pour le rejon : "Ils ont de la régularité, de la cadence et du rythme. Dans le rejon, il ne faut pas de changement de rythme et un toro qui suit la croupe du cheval avec une charge ronde. Pour exprimer le meilleur du toreo à cheval et templer, il faut que le toro n’anticipe pas. À pied, c’est différent car le torero doit avoir du temps pour se placer alors qu’à cheval, il est préférable qu’il continue."

Difficulté à baisser la tête, faiblesse après la pique

Au-delà de l’attrait des toreros à cheval pour ce type de toros, le phénomène s’est accentué par les difficultés traversées par ces élevages en corrida à pied. L’histoire de la tauromachie a été marquée par les triomphes de grandes figuras comme Joselito, El Cordobes, Antonio Ordoñez, Paco Camino, Litri ou Curro Romero face aux toros d’origine Murube. Mais leur déclin a débuté à la fin des années 70 avec leurs difficultés à baisser la tête et leur faiblesse après la pique. Deux défauts qui sont moins pénalisants en rejon.

Aujourd’hui, les toros d’encaste Murube sortent épisodiquement en corrida à pied même si leurs partisans jugent archaïque de penser qu’ils ne servent que pour le cheval. Avec l’essor de grandes générations de cavaliers comme Alvaro Domecq, les frères Peralta ou Hermoso de Mendoza, ces élevages se sont spécialisés en corrida à cheval où les rejoneadors savent profiter de leur classe et leur résistance pour décliner leur répertoire spectaculaire. Mais cette hégémonie, comme pour le Domecq dans la corrida à pied, pose la question d’un spectacle unidimensionnel et répétitif car la variété des toros permet aux toreros de démontrer d’autres qualités et développer un style différent.

"Plus de chance de créer une tauromachie harmonieuse"

D’ailleurs, le numéro un actuel, Diego Ventura, s’aventure régulièrement face à d’autres types d’élevages comme Victorino et Adolfo Martin ou Miura. Tout comme Lea Vicens : "J’ai combattu du Domecq, des Prieto de la Cal, Pablo Romero, Victorino mais je doute de l’intérêt pour la qualité du spectacle pour l’avoir expérimenté. Ils ont une charge saccadée et violente. Au début, j’ai affronté ce type de bétail et je le fais encore dans des arènes qui n’ont pas le budget pour acheter le meilleur qu’est le Murube qui offrent plus de chance de créer une tauromachie harmonieuse et esthétique. Face aux autres encastes, on se défend sans pouvoir les templer sauf miracle. Aller vers d’autres toros est de la communication dans les grandes arènes et une contrainte économique dans les petites", conclut la Nîmoise.

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