"C'est plus de 1200 hommes et 300 familles" : le colonel Guillaume Vancina évoque les 40 ans de la Légion à Nîmes
À l'occasion de ses 40 ans à Nîmes, le deuxième régiment étranger d'infanterie (REI) de Nîmes a prévu un gros programme de festivités ouvertes au public les 23 et 24 juin.
Quels liens avez-vous développés avec la ville ?
En 40 ans, les liens sont devenus très forts. Le premier événement majeur qui a vraiment rapproché le régiment de sa ville, ce sont les inondations de 1988. On s'est massivement impliqué dans la remise en état des quartiers les plus touchés. Notamment le quartier de la Croix-de-Fer. Mais c'est aussi une relation très informelle puisqu'il faut imaginer le nombre de familles que représente le régiment. C'est plus de 300 familles qui sont installées dans la ville et plus de 500 enfants de moins de 18 ans.
Qu'organisez-vous pour ces 40 ans ?
On a souhaité marquer le coup ! Le week-end du 23 et 24 juin, nous défilerons dès 15 h depuis la Maison Carrée et descendrons vers l'esplanade Charles-de-Gaulle. Puis il y aura un concert gratuit à partir de 20 h 30 à Paloma.
Le 24, nous aurons tôt le matin une épreuve sportive que nous faisons depuis 10 ans et qu'on appelle l'Infernal Run. C'est une course d'une vingtaine d'obstacles sur 12 kilomètres au camp de Garrigues. Un parcours sportif assez exigeant. On a 500 places ouvertes aux civils pour la première fois. Ensuite le 24 nous ferons une présentation de matériel aux Jardins de la Fontaine, et nous y montrerons notamment notre nouveau véhicule de combat blindé Griffon au public !
Pouvez-vous décrire la mission pour laquelle une de vos compagnies vient tout juste de partir ?
La 1re compagnie est partie en Nouvelle-Calédonie. Étant un territoire sous protection française dont la souveraineté est partagée, il est protégé notamment par des unités de l'Armée de terre qui constituent le Régiment d'infanterie marine. Il accueille des compagnies de métropole qui viennent tous les quatre mois en rotation. Là-bas la 1re compagnie va participer à des exercices interalliés de la zone Pacifique. Avec des puissances importantes de la région comme l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, et puis évidemment les États-Unis.
Qu'appelez-vous de vos vœux pour l'avenir du 2e REI ?
On espère fêter ici dans 10 ans un beau cinquantenaire et puis dans 60 ans un beau centenaire ! Plus sérieusement moi ce que je pense que les pistes de progression qu'on a aujourd'hui c'est qu'on est un régiment étranger. Donc l'intégration des familles est toujours pour les légionnaires de plus de 5 ans de services qui peuvent se marier un parcours du combattant. Je pense qu'on a encore des marges de progrès dans ce domaine-là en se rapprochant des structures locales
L'histoire du 2e REI
Pouvez-vous expliquer l'histoire du 2e REI et de ses compagnies ?
Le 2e REI est arrivé à Nîmes en 1983. Il arrivait du Liban où il était en opération cette année-là. Mais sa garnison précédente était en Corse depuis 1972, à deux endroits différents : À Bonifacio où la majeure partie du régiment était installée ; et dans la petite ville de Corte, au coeur de la Corse. Avant ça encore, il avait été installé en Afrique du nord jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962. Puis dans le sud du Sahara où de 1962 à 1968 il avait surveillé les sites des essais nucléaires dont la France avait conservé la jouissance pendant six ans dans le cadre des accords d'Évian. Ça fait donc 40 ans qu'on est présent ici à Nîmes. 40 années qui ont été rythmées évidemment par de nombreuses opérations, puisque c'est quand même la vocation première d'un régiment d'infanterie. Nous avons été de tous les différents coups de l'armée française depuis 1983, qu'il s'agisse évidemment de la guerre du Golfe en 1990 ; des campagnes dans cette guerre civile malheureuse au coeur de l'Europe, en ex-Yougoslavie ; du Kosovo où on a été très présents à l'orée des années 2000... Ensuite on a eu évidemment toute une longue période africaine, qu'il s'agisse de la Côte-d'Ivoire, de la Centrafrique, du Tchad, Du Gabon, du Congo, et plus récemment bien sûr du Mali dans le cadre de l'opération Barkhane, non sans être passés par la campagne d'Afghanistan qui a duré une petite dizaine d'années. Et puis enfin on était encore au Niger l'année dernière.
Le nombre de compagnies et les effectifs ont-ils augmenté en 40 ans ?
En 40 ans, la structure du régiment n'a pas beaucoup évolué. Le régiment est composé d'un peu plus de 1 200 hommes dans la caserne Colonel-de-Chabrière. Qui compte aujourd'hui 4 compagnies de combat d'environ 170 légionnaires, une compagnie d'appui dans laquelle on trouve des sections spécialisées, une section commando, une section de tir d'élite. Puis une grosse compagnie dite de commandement et de logistique où on a tous les services qui concourent à la vie du régiment. Et cet effectif a été assez stable. On a parfois eu un peu plus de compagnies spécialisées, parfois un peu moins.
Le site de votre ministère parle pourtant de 5 compagnies de combat ?
Il y a effectivement une compagnie qui a été dissoute au début du mois de mai : la 5e compagnie de combat, dont les effectifs ont été reversés dans d'autres structures qui sont en cours d'émergence, puisque les régiments d'infanterie sont en train de se transformer sous l'effet de la loi de programmation militaire. La suite prévoit l'acquisition de nouvelles capacités, notamment de nombreux drones qui vont équiper nos régiments, des mortiers lourds et puis dans quelques années des munitions téléopérées dont on a mesuré toute l'efficacité à la fois dans le conflit du Haut-Karabagh en 2020 et évidemment dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Donc en fait le régiment se modernise pour rester à la pointe, notamment des capacités de robotisation (dont font partie les drones).
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