Environnement : "En Occitanie, les évènements climatiques extrêmes vont se multiplier", assure cet expert du Giec
Les évolutions possibles du climat dans le monde sont connues, mais qu'en est-il dans notre région ? Serge Planton, climatologue et contributeur aux rapports du Giec, nous répond.
Avec le réchauffement climatique, quel climat pourrions-nous avoir en Occitanie dans 30 ans ?
Sans surprise, le climat de demain sera plus chaud et plus sec qu’aujourd’hui dans la région. Selon le scénario d'émissions de gaz à effet de serre retenu, la hausse des températures serait comprise entre 0,5 et 4 degrés d’ici la fin du siècle. Sachant que depuis 1900, le climat s’est déjà réchauffé de près de 2 °C dans la région ! Les évènements extrêmes vont en outre se multiplier du fait des activités humaines. Par exemple, une canicule comme celle de 2019 avait moins d’une chance sur 100 de se produire au début du 20e siècle ; elle en avait environ une sur 10 en 2019 et en aura environ une sur 4 dans une quinzaine d’années. En revanche, on n’aura qu’une faible baisse des pluies en Occitanie dans le futur. Toutes ces données sont le fruit d’un travail mené par la communauté scientifique occitane en 2021.
Aurons-nous un climat de type semi-aride ?
Non, nous aurons par exemple toujours un climat méditerranéen dans le Sud-Est, mais ses caractéristiques seront accentuées. Quant au climat des environs de Toulouse, il restera océanique. Certains experts estiment que le climat futur à Paris pourrait être celui de Madrid aujourd’hui, cela vous donne une idée. On peut difficilement le qualifier, ce sera un climat inédit dans notre région.
Quels seront les impacts possibles sur nos paysages et sur la nature environnante ?
Il y aura un impact significatif sur la biodiversité, avec le déplacement de certaines espèces, comme déjà le moustique tigre et la chenille processionnaire, vers d’autres régions françaises. Le risque d’incendies de forêts va en outre s’accentuer en Occitanie, mais aussi dans des régions comme les Landes et même en Sologne.
Et l’impact sur notre mode de vie, notre alimentation, nos loisirs ?
Le tourisme en Occitanie sera certainement l’un des secteurs les plus affectés. L’été, le littoral et l’arrière-pays pourraient être moins attractifs du fait de la hausse des températures, et l’hiver, les Pyrénées pourraient souffrir d’une baisse de la hauteur moyenne de neige de l’ordre de 30 à 40 % à l’horizon 2030 et de 90 % à la fin du siècle avec le pire des scénarios. L’agriculture sera également impactée, avec notamment une baisse du rendement des vignes et des tensions sur les cultures gourmandes en eau comme celle du maïs. Il faut s’attendre enfin à une transformation de notre littoral, avec la hausse attendue du niveau de la mer de 30 cm à 1 m, voire plus, d’ici la fin du siècle. Quant à notre santé, les risques liés aux allergies et aux vagues de chaleur, notamment pour les populations fragiles, vont augmenter.
Ces changements sont angoissants. Va-t-on réussir à s’adapter ?
Ne soyons pas catastrophistes pour autant. On peut être confiants en notre capacité d’adaptation. Ce ne sera pas aisé et ça ne se fera pas du jour au lendemain, mais des solutions existent. L’adaptation se fera plus facilement là où elle a déjà commencé, dans le secteur agricole par exemple. Dans d’autres secteurs comme l’habitat ou les transports, cela prendra plus de temps.
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