Bassin de Thau : "Ce tracé de la LGV est épouvantable pour l'environnement"

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  • "Ce tracé, c’est un sacrifice que l’on ne peut pas se permettre", Pierre Maigre, président de la Ligue de protection des oiseaux en Occitanie.
    "Ce tracé, c’est un sacrifice que l’on ne peut pas se permettre", Pierre Maigre, président de la Ligue de protection des oiseaux en Occitanie. Midi Libre - DR
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Eva Tissot

Pierre Maigre, président de la LPO Occitanie, vice-président de la délégation territoriale Hérault et administrateur de la LPO France, s’exprime sur le dossier du tracé de la LGV, ligne grande vitesse.

Quel est l’état d’esprit de la LPO sur le dossier du tracé de la LGV ?

La Ligue de protection des oiseux, est consciente qu’il va falloir remplacer la ligne actuelle, ne serait-ce que pour prendre en compte les problèmes climatiques. On peut supposer que dans vingt ou trente ans la ligne actuelle ne sera plus opérationnelle, soit elle sera sous les eaux, soit à chaque coup de mer, les trains seront bloqués. Nous ne sommes pas contre le développement économique, ni contre le principe de création d’une ligne nouvelle au Nord du bassin de Thau.

Quel est le problème alors selon vous ?

Ce qui nous choque, sur le fond, c’est le tracé qui a été choisi. Il est particulièrement mortifère pour la biodiversité. Cela fait très longtemps que l’on n’a pas vu un projet qui tient aussi peu compte de la biodiversité. C’est plus souvent l’Europe qui prend des mesures efficaces. Tous les scientifiques sont aujourd’hui d’accord pour dire que l’on s’achemine au niveau environnemental vers une extinction de masse et que la situation est catastrophique. Si l’état appuyait ce projet-là (le trajet actuel prévu pour la LGV). Cela irait à l’encontre de tous les discours et de tous les projets à mettre en place. Y compris au niveau Européen.

Au niveau Européen ?

Entre Montpellier et Perpignan, six zones Natura 2000, financées en partie par l’Europe, seraient impactées. À l’intérieur de ces zones des mesures agri-environnementales sont mises en place pour rendre les agriculteurs plus vertueux dans leur gestion de l’espace. Elles sont également financées par l’Europe. Il est donc probable que celle-ci s’en mêle à un moment donné…

Quelles actions pensez-vous mener ?

La LPO est prête à alerter la Cour Européenne de justice. C’est notre position officielle. Y a-t-il d’autres zones concernées ? Au-delà de ces six zones Natura 2000 il y a aussi vingt-cinq Znieff, zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique, qui sont concernées par ce projet. Ainsi que 72 zones humides, des parties d’étang, comme cette partie de la conque de l’Angle concernée par la construction du viaduc.

Le « viaduc de Balaruc » fait débat également…

C’est un projet pharaonique, il fera 1,4 km de long et 25 à 28 m de haut. Sans parler de l’effet paysager, cela aura des conséquences sur l’environnement, la biodiversité, le paysage. Mais aussi l’économie. Je rappelle que Sète Agglopole Méditerraneé postule pour être labélisée Capitale de la biodiversité. Je vois mal ce dossier arriver à bon port dans ces conditions-là.

Un impact environnemental et économique.

Les piliers de ce viaduc devraient aller jusqu’à vingt mètres de profondeur. Ils peuvent affecter la source d’Issanka, la réserve d’eau potable de Sète. Comme les cours d’eau sont intimement liés aux nappes phréatiques. Les eaux de la Vène qui vont se jeter dans la crique de l’angle influencent le milieu aquatique de l’étang. Ce qui fait sa richesse biologique de c’est ce mélange d’eau douce et d’eau salée. C’est ce qui permet l’existence des trois espèces d’hippocampes dont une endémique au bassin de Thau. Ceux-ci n’ont aucune valeur marchande mais je pense aussi aux conséquences pour toute la filière conchylicole. C’est tout l’équilibre économique aussi qui risque d’être mis à mal par ce projet.

Ce projet peut-il avoir un impact sur l’eau potable ?

On ne sait pas quel impact les travaux auront sur les eaux de surface et les eaux souterraines qui alimentent la ville de Sète et le bassin de Thau. On nous répond que des études sont en cours mais les résultats ne seront pas connus avant plusieurs mois. Fixer des tracés avant la fin des études de terrain, C’est un déni de démocratie.

Pour conclure, vous êtes optimiste ?

Je ne suis pas un homme pessimiste, mais c’est épouvantable pour l’environnement, et je pèse mes mots. Il sera vraiment impossible de trouver les 6000 ha de terre agricoles pour compenser l’emprise de la ligne. Les promoteurs du projet ont annoncé la couleur. Ils prendront sur des espaces naturels pour compenser les agriculteurs. Je n’ai rien contre les agriculteurs mais, c’est la nature sauvage qui va payer les pots cassés. À l’heure d’aujourd’hui, c’est un sacrifice que l’on ne peut pas se permettre.

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Les commentaires (3)
mylouze Il y a 2 années Le 11/02/2022 à 11:05

Les petits oiseaux ne créent pas d'emplois alors que le BTP, les zones commerciales, les lotissements et les rocades oui.

Wareb

frednage Il y a 2 années Le 11/02/2022 à 15:08

@mylouze: surtout avec notre maire en béton.

cibourien Il y a 2 années Le 11/02/2022 à 08:33

et ils sont ou les écolos ?? le silence de Jadot est etourdissant