Haute-Garonne : l'hivernage des abeilles testé par un apiculteur

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  • Xavier Dumont a radicalement fait chuter la mortalité de ses abeilles en les faisant hiverner dans son garage. Il détaille son expérience.
    Xavier Dumont a radicalement fait chuter la mortalité de ses abeilles en les faisant hiverner dans son garage. Il détaille son expérience. Midi Libre - X. D.
Publié le , mis à jour
Morgane MASSON

Xavier Dumont, apiculteur retraité en Haute-Garonne, a testé l’hivernage des abeilles, en plaçant ses ruches en cave. L’expérience est concluante.

Après avoir été apiculteur pendant une dizaine d’années, Xavier Dumont est devenu bio-informaticien. Alors, quand à la retraite il a voulu renouer avec sa première profession, en installant quelques ruches sur sa propriété, la déception a été grande. "Depuis dix ans que j’ai ces ruches, je me suis aperçu que j’avais des colonies qui mouraient anormalement", note celui qui est désormais à la tête du rucher de Cantegril, à Latrape (50 km au sud de Toulouse).

La cause numéro 1 de cette mortalité exacerbée : "Le réchauffement climatique, qui en permettant la ponte en hiver, permet au varroa (parasite qui entraîne la mort des abeilles, NDLR) de proliférer ", affirme Xavier Dumont. Avec les redoux successifs au cœur de l’hiver, les abeilles se remettent en activité, sortent, s’épuisent, se dépeuplent et peuvent mourir de froid au premier regel, n’étant plus assez nombreuses pour se réchauffer.

"En 2019, mes trois colonies sont mortes. Je me suis dit : "Il faut recréer des hivers d’antan où les abeilles ne sortaient presque jamais"."

Ainsi, dès novembre 2020, Xavier a fait l’expérience de placer ses quatre ruches dans son garage (Midi Libre du 26 décembre dernier) et en a tiré un protocole d’hivernage qui, 70 jours plus tard, s’est avéré concluant au-delà des attentes de l’apiculteur.

"Avec ma méthode, il n’y a pas de ponte pendant 40 jours, ce qui a permis de diminuer déjà la pression du varroa." Conséquence, la mortalité de ses ruches, qui était de 100 % en 2019, a complètement disparu. "Cinq abeilles par jour pour la ruche la plus forte composée de 10 000 abeilles environ, ce qui est dérisoire", précise Xavier Dumont.

Plusieurs solutions d’hivernage

Si lui a choisi de mettre ses abeilles en cave, il préconise néanmoins l’hivernage pour diminuer la mortalité, celui-ci pouvant prendre d’autres formes.

Il est en effet possible de tourner des ruches exposées au sud vers le nord, le temps de l’hiver ou encore de déplacer les ruches sur un versant nord qui ne prend jamais le soleil, également le temps de l’hiver.

Pour parfaire la léthargie bénéfique des abeilles en hiver, l’obscurité a apporté un plus, observe Xavier Dumont, qui prenait soin néanmoins de sortir ses ruches tous les dix à quinze jours de l’expérimentation, afin que les abeilles puissent faire leurs besoins et ainsi éviter des cas de dysenterie.

Si les Canadiens effectuent aussi des hivernages pour les abeilles, l’expérience de Xavier Dumont est novatrice à travers le parti pris de l’apiculteur, qui veut éprouver une causalité directe entre redoux hivernaux liés au réchauffement et hausse de la mortalité des abeilles.

Pour parfaire ses connaissances et étayer sa théorie, déjà confortée par ses propres observations, il lance un appel aux apiculteurs volontaires pour tenter l’expérience à l’hiver prochain, suivant un protocole qu’il a établi et qui est accessible sur son site internet.

Une expérimentation qui a d’autant de sens en Occitanie. "Dans le Jura ou les Vosges, ou du moins à partir de 1 100 m d’altitude, les hivers sont rigoureux et c’est prouvé qu’il y a moins de varroa".

Efficacité : des résultats chiffrés

Xavier Dumont a poursuivi ses observations jusqu’au 10 avril. Au 143e jour de son expérimentation, et 73 jours après la sortie de cave, il est ravi du résultat : "Les colonies ont très bien progressé : les ruches 1, 3 et 5 en sont au même point", en termes de population, note l’apiculteur. "L’essaim le plus faible, de septembre 2020, rentré en cave avec seulement 1 300 abeilles en compte, au 10 avril, environ 10 000 avec 30 000 abeilles à naître quand même !"

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