Rugby : la revanche du MHR après une saison galère
Au plus bas il y a moins de trois mois, Montpellier a finalement décroché un titre et n’est pas loin de valider son maintien dans l’élite.
Le 22 décembre dernier, quatre jours avant le Boxing Day et un déplacement à La Rochelle (12e journée, défaite 22-9), à la question "Que peut-on vous souhaiter pour l’année 2021 ?", le trois-quarts du MHR Yvan Reilhac répondait ceci : "J’espère gagner un titre, enfin."
Montpellier sortait alors de deux défaites consécutives en Coupe d’Europe et n’avait remporté que trois matches sur dix. Inconscience ou ambition forcenée ? "Il va falloir y croire pour y arriver", appuyait-il.
Aujourd’hui, celui que l’on a pris pour un illuminé l’espace d’un instant, n’est en fait rien d’autre qu’un visionnaire. Car vendredi, dans une saison aussi chaotique qu’héroïque, Montpellier est allé chercher le deuxième Challenge européen de son histoire, après celui de 2016.
Improbable. Incroyable même, quand on sait les six premiers mois catastrophiques du club cette saison. Mea culpa M. Reilhac, votre foi en cette équipe se justifie aujourd’hui.
Dos rond et patience
Cette foi, à écouter tous les joueurs qui se relayaient en conférence de presse depuis septembre, les Montpelliérains ne l’ont jamais perdue. Dans le creux de la vague, la solidarité et la cohésion du groupe ont permis à cette équipe de ne jamais plonger définitivement.
Quitte à essuyer les critiques, faire le dos rond et attendre que l’orage passe. Exactement ce qu’il s’est passé lors du triomphe contre Leicester, vendredi soir (victoire 18-17).
"Au mois de janvier, on s’est posé beaucoup de questions. Tout le monde s’est insurgé contre nous, était méchant avec nous. On y a repensé et cela nous a permis de nous ressaisir", assurait Guilhem Guirado, le visage teinté de rancune et son sang catalan encore chaud de l’intense finale européenne qu’il venait de disputer.
"Vous pouvez dire ce que vous voulez, nous, en interne, on sait ce qui se passait, on a toujours été solidaires", avait déclaré le deuxième ligne Paul Willemse la veille de la finale.
Lui, comme son talonneur de 34 ans, leaders naturels de combat, et leurs compères Fulgence Ouedraogo (34 ans) et Benoît Paillaugue (33 ans) ont assumé leur statut de cadre en pleine crise.
Aujourd’hui, ils sont plus que jamais proches d’assurer leur survie dans l’élite et rentrent de Londres avec une coupe européenne dans les valises.
"Qui aurait pensé jouer un titre après la saison que nous vivons ?", s’étonnait lui-même le demi de mêlée, excellent encore une fois contre les Tigers et sorti cramé peu avant l’heure de jeu.
Un succès et un maintien
"C’est assez exceptionnel et extraordinaire. En début d’année, on était en danger et au plus mal. On a eu le droit de revenir dans cette compétition et on l’a prise comme une bouffée d’oxygène pour mieux jouer au rugby."
"Tout le monde a répondu présent pour aller chercher ce trophée qui va nous permettre de sauver notre saison et nous donner aussi cette bouffée d’oxygène pour nous permettre, je l’espère, de nous maintenir", poursuivait Guirado.
Un maintien qui pourrait être validé définitivement samedi prochain (17 h) si le MHR s’impose contre Bayonne. À moins d’un exploit à Bordeaux-Bègles dès mardi (20 h 45, match en retard 22e journée).
"On a trop souvent critiqué ce club alors qu’on a trouvé une vraie solidarité. Les anciens joueurs nous ont envoyé des vidéos, les gens du back-office pleuraient quand on perdait mais on a gardé le cap. Je n’ai pas paniqué."
"Aujourd’hui, on doit être à dix victoires sur les douze derniers matches. Chapeau aux joueurs et à leur état d’esprit", s’enthousiasmait le manager Philippe Saint-André, en passe de réussir son pari depuis sa reprise de l’équipe première en janvier dernier et l’éviction de Xavier Garbajosa.
Sa descente des marches de Twickenham, le poing levé, au coup de sifflet final, pour venir enlacer ses soldats en disait long sur le besoin d’évacuer la pression qui les anime depuis six mois. Une belle revanche sur cette saison cauchemar.
Montpellier est monté sur le petit toit européen. La page continentale se ferme sur une excellente note. Il ne manque que la page nationale pour ne pas tout gâcher.
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