Pascal Légitimus : "L’humour, le sourire, le rire, ça renforce les défenses immunitaires"
L’acteur a assuré une master class auprès des artistes en formation de l’incubateur Trac dans l'Hérault.
Face aux acteurs en formation de l’école Trac, vous avez dit cette phrase, "Plus c’est dramatique, plus on peut faire rire". La période est-elle donc favorable au rire ?
Tout à fait. Regardez ce qui se passe sur les réseaux sociaux et à la radio ou à la télévision. Beaucoup de choses ont été éditées en matière d’humour sur le Covid, les masques, le confinement. Il y a même une fille, Annabelle Milot, qui va bientôt sortir une "brève de confinement" avec toutes les absurdités et les vannes relevées dans plusieurs thématiques comme les enfants, la bouffe, la sexualité, le couple…
On a besoin d’exulter à un moment donné. C’est comme un bouton avec du pus, on appuie dessus pour que ça sorte. L’humour sert à ça. À dire tout haut ce qu’on n’ose pas dire tout bas.
Et vous, la période vous a-t-elle inspirée ?
Non, ça ne m’inspire pas. Je laisse ça à d’autres. Moi je suis plutôt dans le futur par rapport à mes projets. De temps à temps, sur Instagram, j’ai un personnage, qui s’appelle Timothé, qui intervient quand il y a des choses que je trouve absurdes. Je vais parler de la délation bientôt car en ce moment, les gens n’arrêtent pas de dénoncer. J’ai l’impression qu’on se retrouve sous Vichy. "Oui, le voisin n’a pas de masque", "oui, ils font une fête"… C’est grave ce qui se passe. Quand ça déborde trop, je m’exprime, à travers ce personnage. Ce n’est pas Pascal Légitimus qui parle, c’est le personnage.
Votre personnage Timothé dit d’ailleurs : "Ils ont tout fait pour qu’on ait des problèmes". Pouvez-vous préciser ?
Il y a des lois qui passent en ce moment et on n’est pas au courant. Des lois liberticides. C’est chaud quoi.
Comment vous sentez-vous dans notre société ?
Moi ça va, le frigo est plein et je ne suis pas malade. Mais je pense aux autres qui n’ont pas les moyens et pour lesquels c’est compliqué. Je ne me plains pas. Mon métier est de parler de ça pour essayer d’aider les autres. Mais je suis attristé. C’est malheureux, on ne peut pas être joyeux. Même s’il faut, au contraire, être dans la joie car la peur est pire que le mal. L’humour, le sourire, le rire, ça renforce les défenses immunitaires. C’est positif de rire, de sourire, et, en ce moment, les gens en ont besoin.
Avez-vous des conseils pour garder le sourire en ce moment ?
Le contact, donner de l’espoir. Faire des master class comme à l’école Trac, à Castelnau-le-Lez. Je dis des choses sérieuses mais en même temps, j’essaie d’égayer un peu.
Intervenez-vous souvent auprès de jeunes en formation ?
Ça fait 20 ans que je fais ça. Dans des écoles de cinéma, de théâtre et aussi par amitié avec des gens que je connais comme aujourd’hui. J’ai mis en scène Pascal Miralles (le cofondateur de l’école avec Laura Gonthier, NDLR) dans une pièce, After Work, on a gardé le contact.
Je sais que c’est quelqu’un de sérieux et de compétent. Je suis là.
Qu’est-ce que ça vous apporte ?
La transmission, c’est important. C’est important de partager, de ne rien garder pour soi. Et puis je suis doué pour ça donc autant que ça serve.
Des artistes de Montpellier ont déclaré un "état d’urgence culturel". Quel est votre point de vue ?
Ils ont raison de s’exprimer, à un moment donné. C’est primordial de dire les choses, il faut que ça sorte. À un moment donné, ils crèvent de faim.
Je ne pense pas qu’un homme politique soit au chômage en ce moment. Ils sont payés ces gens-là. Sachant qu’il y a une contradiction évidente : quand on prend le métro, c’est blindé, le train, l’avion, c’est blindé. Et dans les théâtres, ils ont appliqué tous les gestes barrières, il n’y a jamais eu un problème et il n’y a pas de moyen de s’exprimer ? Je pense qu’il y a un vice de forme. Si tout le monde était au même niveau, je comprendrai mais là non. Il y a une injustice. Quand il y a déséquilibre, il faut rééquilibrer. Ce n’est pas qu’ils ont raison, c’est que c’est vital, ils crèvent de faim. Est-ce que c’est voulu ? Est-ce que c’est fait exprès ? Veut-on qu’il y ait le chaos pour tout balayer et repartir à zéro ? Qu’ils nous le disent à ce moment-là, qu’on soit franc. Je pense qu’on est dans une société de mensonges, à tous les niveaux, depuis avant J-C. La vérité n’est jamais dite, c’est pour ça que tout va mal. Il y a des choses positives, mais on n’en parle pas assez. Beaucoup de choses positives sont en train de ressortir mais sont un peu occultées.
Que voyez-vous de positif justement ?
L’entraide, la solidarité. Je te fais du baby-sitting, tu me donnes à manger, je te fais de la peinture, je te donne une pomme. La famille est aussi le seul refuge aujourd’hui, même si elle est éclatée. C’est compliqué.
Quels sont vos projets ?
J’écris beaucoup. Puis je tourne pas mal. J’ai joué dans Capitaine Marleau qui va sortir cette année, je ne sais pas quand. Je fais le rôle d’un avocat. Je vais tourner un Meurtres à, une série pour France Télévisions, en avril. J’écris un long-métrage sur les erreurs médicales, une comédie. Plus c’est grave, plus c’est drôle.
Quand vous verra-t-on sur scène ou à l’écran ?
Je ne sais pas, tout est flou… Mais je travaille.
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