Un vaccin, des promesses et des questions : la folle semaine du Covid-19

  • L’Europe a commandé 200 millions de doses avec une option sur 100 millions d’autres.
    L’Europe a commandé 200 millions de doses avec une option sur 100 millions d’autres. - maxppp
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Sophie GUIRAUD

La planète Covid-19 vient de tourner au rythme d’une folle semaine : l’espoir de vaccins se précise, la course est serrée entre Chinois, Russes, Américains qui ont frappé fort avec l’essai séduisant de Pfizer. Mais les scientifiques restent prudents.

Un séisme. Lundi 9 novembre, lorsque la Big Pharma américaine Pfizer et son partenaire allemand BioNTech annoncent la mise au point un vaccin efficace à 90 % contre le Covid-19, la performance fait l’effet d’une bombe. Économique d’abord : les Bourses mondiales flambent, des experts se projettent dans une reprise économique. Sanitaire ensuite, lueur d’espoir dans le tableau noir de la pandémie.

Politique enfin, tant la course serrée est stratégique entre les candidats aux vaccins du bloc occidental, les Russes, les Chinois.

Des millions de doses et de dollars

La semaine s’est écoulée dans un tourbillon de chiffres XXL, un fracas d’annonces, avec un pic euphorique mercredi lorsque la Russie affirme que son vaccin Spoutnik V est efficace à 92 % et qu’un autre challenger, l’Américain Moderna évoque un bilan à venir prometteur. Le titre bondit en Bourse : + 5,6 %.

Pendant ce temps, Pfizer encaisse déjà les bénéfices de son coup de maître : 5,6 millions de dollars d’actions vendues le 9 novembre, 100 millions de doses commandées par les États-Unis où la vaccination pourrait démarrer en décembre, un chèque de deux milliards de dollars est signé. L’Europe a commandé 200 millions de doses avec une option sur 100 millions d’autres.

Jeudi 11 novembre, la France apprend qu’elle reste confinée, le record de contaminations d’avril tombe, et les chiffres alarmants de l’épidémie dans le monde ramènent l’économie à la raison. Raison qui n’a jamais quitté les médecins et les scientifiques, pourtant bluffés par la prouesse technique et l’audace du duo Pfizer/BioNTech qui utilise une technique de vaccination novatrice, à base d’"ARN messager".

"Il faut y croire, Pfizer a beaucoup d’arguments, et cette technique permet de produire, très vite, une grande quantité de vaccins. C’est prometteur in vitro, qu’est-ce que ça donnera chez l’homme ?" Éric Delaporte, professeur de maladies infectieuses, spécialiste d’Ebola, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de Montpellier, est aussi enthousiaste que prudent.

Distribués en janvier 2021

"On manque d’éléments scientifiques objectifs, on n’a pas la méthodologie", insiste-t-il, et la promesse de Pfizer tient en un "communiqué de la firme et non une publication scientifique". "Est-ce que les gens vaccinés infectés développent des anticorps ? Pendant combien de temps ? Évite-t-on les formes sévères ? Est-ce qu’il faudra se vacciner chaque année ?"

"Il faut du temps" pour aller plus loin, estime-t-il, sur ses gardes : "Entre les pays où règne l’omerta et ceux où on fait des coups en Bourse, c’est compliqué de faire la part des choses."

Pas d’inquiétude, en revanche, sur la nécessité de conserver le vaccin à – 80 °C, qui fait tiquer nombre de ses collègues : "C’est aussi le cas pour le vaccin contre Ebola. Si on a pu le faire au Congo, en zone de guerre, ça ne me semble pas insurmontable."

"Ce n’est pas un gage de distribution facile. Il faudra avoir une stratégie de filières, on ne le trouvera pas dans chaque pharmacie", nuance Jacques Reynes, chef du service des maladies infectieuses du CHU de Montpellier, à la fois admiratif et vigilant tant il y a "d’inconnues".

Et d’ajouter : "Quelle va être la tolérance ? De quoi est-on protégé, des formes graves, symptomatiques ? Est-ce qu’il empêche d’être contagieux ? Y aura-t-il des accidents rares ? On manque de données sur l’efficacité, sur la durée de la protection, sur l’adaptabilité aux différentes souches du virus…"

Il estime aussi que l’annonce de Pfizer est "majeure". Mais il faudra être patient avant le vaccin, celui-ci ou un autre, "pour une éventuelle troisième vague, à l’automne prochain. On aura plus de visibilité. En attendant, on est parti pour des semaines de vie avec le virus."

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Les commentaires (2)
Tacin Il y a 3 années Le 16/11/2020 à 16:07

Il y as toujours de l’incompréhension et de l’incertitude dans les découvertes majeures comme la découverte de Pierre et Marie Curie qui as duré quasiment duré 5ans avant d’être reconnu . Cependant il vas falloir pourtant se jeter à l’eau à un moment et arrêter les patatis et patatas de Pierre Paul et Jacques... n’oublions pas non les préconisations du Pr Raoult qui je le crois au dessus de tout ça. Dupont-Moretti as été nommé ministre pour ouvrir le parapluie sur les torrents de m..... de nos dirigeants... On joue avec la vie d’etres humains là non ?

conakry Il y a 3 années Le 15/11/2020 à 09:13

pour arriver à vacciner au plus vite, on entretien au maximum le climat de peur, d'angoisse, d'inquiétude, pour asservir le peuple. A court terme ce vaccin peut être plus dangereux que le virus ; il n' y a pas suffisamment de recul pour valider ce vaccin NIVEAU SANS RISQUE. Les premiers à ce faire vacciner ? Que tous les membres du gouvernement se fasse vacciner à l'aveugle avec des doses prises au hasard, pour éviter que certains (nes), se fassent vacciner avec de l'eau en ampoule !