"Inacceptable" : la réforme de l’assurance chômage voulue par Gabriel Attal est fustigée par les oppositions

  • Selon Sophie Binet (CGT), la réforme "va appauvrir l’ensemble du pays".
    Selon Sophie Binet (CGT), la réforme "va appauvrir l’ensemble du pays". MAXPPP - TERESA SUAREZ
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La réduction de la durée d’indemnisation pour les moins de 53 ans fait bondir les organisations syndicales qui estiment le projet est destiné "à faire les poches des Français". LFI et le RN sont sur la même ligne, Gabriel Attal tacle cet axe.

On y voit un peu plus clair sur la réforme globale de l’assurance-chômage, voulue par le Premier ministre Gabriel Attal, qui devrait être élaborée d’ici l’été.

Déficit : « Ah il est loin le temps où Macron voulait faire de l’assurance chômage un droit universel, cette campagne de 2017 où le candidat voulait ouvrir le chômage à tous les salariés, même ceux qui démissionnent », note @TamTranHuy dans son édito. #SensPublic pic.twitter.com/npV96saxlb

— Public Sénat (@publicsenat) March 28, 2024

Primo, la durée d’indemnisation pourrait être réduite "de plusieurs mois". Déjà ramenée, de vingt-quatre mois à dix-huit lors de précédente réforme de février 2023, pour les moins de 53 ans (les seniors sont pris en charge plus longtemps), elle pourrait être ramenée à douze mois.

Changer les modes de calcul

Deuxio, la durée d’affiliation, où le temps de travail minimum permettant d’ouvrir des droits à une allocation. Depuis 2019, un demandeur d’emploi doit avoir été en activité au moins six mois de rang sur les deux dernières années pour toucher une prestation. Cela pourrait être rehaussé, sans que le chef du gouvernement ne dise précisément à combien.

Retour de la TVA sociale, destruction de l'assurance-chômage... C'est non.

Nous allons nous battre, en \ud83c\uddeb\ud83c\uddf7 et en \ud83c\uddea\ud83c\uddfa, pour que ceux qui aient à payer la redistribution nécessaire et la transition écologique soient les grandes fortunes et les grandes entreprises.#ReveillerLEurope pic.twitter.com/E2DCni5UNI

— Olivier Faure (@faureolivier) March 28, 2024

Enfin, tertio : le niveau d’indemnisation pourrait être revu à la baisse, soit en changeant le mode de calcul soit en agissant sur les mécanismes de dégressivité.

Cela "vire au trouble obsessionnel"

Mais son intervention a déjà déchaîné une bordée de critiques, notamment des syndicats qui parlent d’un projet jugé "inacceptable". Une réforme qui va "appauvrir l’ensemble du pays", selon Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, sur France Info, qui relève : "L’obsession du gouvernement pour les privés d’emploi vire au trouble obsessionnel."

 

M. Le Maire crie sur tous les toits qu'il faut rembourser la dette.

Il veut prendre sur le travail plutôt que de faire contribuer les plus riches.

Les macronistes veulent encore s'en prendre à l'assurance-chômage, alors que seulement 40% des chômeurs sont indemnisés.#ConfJLM pic.twitter.com/ot8lA2hlUf

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 28, 2024

Cyril Chabanier, secrétaire général de la CFTC, estime que "baisser l’indemnisation, cela ne fonctionne pas, ça n’a jamais fonctionné". François Hommeril, président de la CFE-CGC, parle d’un "discours populiste" au "cynisme absolu".

Le double malheur : inutilité et pauvreté

Les oppositions politiques sont sur la même ligne. L’Insoumis François Ruffin estime, lui, que Gabriel Attal s’en prend "aux ouvriers âgés de plus de 50 ans. Je les connais, je les rencontre. Ce sont des gens qui ont un double malheur : celui de l’inutilité et celui de la pauvreté", a dit le député sur RTL.

La réforme de l’assurance-chômage est une escroquerie qui n’a qu’un seul but : faire les poches des Français pour renflouer les comptes de l’État qui sont en déficit à cause de l’impéritie du Gouvernement.

Le régime est excédentaire, il n’y a aucune nécessité à le réformer !

— Marine Le Pen (@MLP_officiel) March 27, 2024

LFI et le RN se retrouvent même sur le refus de la réforme. Marine Le Pen estime que la réforme est "une escroquerie qui n’a qu’un seul but : faire les poches des Français pour renflouer les comptes de l’État", alors que le régime est excédentaire.

Ne pas laisser "les gens crever du chômage de masse"

Et Gabriel Attal a d’ailleurs taclé sur BFMTV un axe Mélenchon-Le Pen : "On ne découvre pas que monsieur Mélenchon et madame Le Pen, sur les questions de travail et de social, c’est un seul et même parti… Un parti tout allocations… Et le même combat contre le travail."

La ministre du Travail, Catherine Vautrin, a soutenu le projet en estimant que le pays était entré "dans une logique où on laisse les gens crever du chômage de masse" alors que le gouvernement veut "accompagner celles et ceux qui sont au chômage vers l’emploi".