David Rocher, une pleine carrière dans la belle pierre de la montagne de schiste à Saint-Julien-du-Tournel

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  • Dans le froid ou la chaleur, le schiste n’attend pas pour être conditionné.
    Dans le froid ou la chaleur, le schiste n’attend pas pour être conditionné. MIDI LIBRE - M. P
Publié le , mis à jour

L’entrepreneur exploite une carrière de schiste près de Bagnols-les-Bains, avec une méthode d’extraction artisanale.

Sur les contreforts des montagnes du mont Lozère, à deux pas de Bagnols-les-Bains et à l’abri du château du Tournel, apparaît au détour d’un tournant la carrière d’exploitation de schiste de David Rocher. La roche, à fleur de combe, est présente telle un cadeau géologique de la nature, brûlante de mille feux sous l’effet conjugué du soleil et de la fonte d’une neige tombée l’avant-veille. C’est ici que depuis plusieurs décennies, la famille Rocher extrait avec méthode les précieuses plaques qui deviendront lauzes de toitures, murs et murets ou encore parement de sols. Avec un filon naturel quasi inépuisable.

Une enfance inspirante

"Les affleurements schisteux se trouvent dans la vallée du Lot. Au Moyen-Âge, le château a été construit par la seigneurie du Tournel. Ils avaient collecté des pierres autour de l’édifice pour le bâtir et certaines étaient issues de la carrière", se plaît à raconter David Rocher, passionné de l’histoire de son lieu. Plusieurs siècles ont passé et au début des années 80, son père reprend le site, de 1,5 hectare : "Il a voulu changer de vie pour tailler la pierre", sourit le fils. David Rocher passera son enfance dans cette nature généreuse, à s’amuser autour des gros blocs de schiste arrachés de la combe, à observer le père découper les blocs : "J’ai décidé de reprendre la carrière. C’était presque inconscient, je reproduisais l’éducation reçue." L’opération se fera en 2004.

Le pont de pierre de Chaldecoste

L’histoire du pont routier de Chaldecoste, à Ventalon en Cévennes, est racontée par David Rocher : "En 2008, un épisode cévenol a emporté l’ancien pont en béton, en aval du pont du Muletier. Ce dernier avait tenu." À l’époque, l’association des Artisans bâtisseurs en pierres sèches (ABPS) de Lozère a fourni au bureau d’études des ponts et chaussée un projet de reconstruction d’un pont routier en pierres, qui s’avérera d’un coût moindre qu’une structure moderne. Les travaux ont duré six mois, avec les fondations et la voûte réalisées en schiste venant de la carrière locale de Saint-Julien-de-Tournel.

Sur le chemin menant à la faille, David Rocher ne tarit pas de détails sur l’art et la manière d’exploiter la précieuse pierre, la réglementation quant à l’exploitation : "Le projet est soumis aux services de l’État, pour évaluer les quantités, l’impact paysager. C’est un droit donné définit dans le temps. J’ai l’autorisation d’extraire 5 000 tonnes par an. Je suis autour de 3 000 tonnes, suivant la demande." Il vend ses palettes aux entreprises privées, particuliers, collectivités, associations œuvrant dans le patrimoine, marchands de matériaux : "Je m’inscris en circuit court. La proximité du Parc national des Cévennes a son importance, avec sa politique patrimoniale." Avec les difficultés économiques de l’époque actuelle. La carrière a employé jusqu’à 12 salariés, actuellement un seul et quelques renforts cas de besoin. "Quand je gagne 100 €, on me reprend 80 % du chiffre d’affaires", soupire le patron.

Didier casse les blocs de schiste, un métier qu’il n’échangerait pour rien au monde.
Didier casse les blocs de schiste, un métier qu’il n’échangerait pour rien au monde. MIDI LIBRE - M. P

La pierre devient lauze

Sur la faille, Didier, employé, fragmente inlassablement les blocs rocheux arrachés de la montagne, en fines plaques : "Dans un premier temps, nous taraudons dans la masse montagneuse avant d’effectuer des tirs sélectifs à la dynamite. Le prélèvement s’opère à la pelle mécanique avant de découper les blocs au marteau et au burin. On dit qu’on lit la roche", explique l’entrepreneur. Le coup d’œil est précis pour repérer le feuilletage et trancher dans la masse. La pierre se transforme alors en lauze, si chère aux toitures lozériennes. Ses enfants ont aussi attrapé le virus :"Ma fille se plaît à imaginer de reprendre la carrière, c’est un appel très fort. Elle aime manipuler la matière tout en se rendant compte que c’est un métier qui doit évoluer. Je l’encourage, évidemment." Elle a vingt et un ans et tout le temps pour réfléchir à un avenir fait de minéralité.

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