"C'était toute ma vie" : à 74 ans, elle est forcée de déménager car sa maison risque d'être rasée

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  • La maison a été ouverte quelques heures afin que sa propriétaire puisse récupérer des effets personnels.
    La maison a été ouverte quelques heures afin que sa propriétaire puisse récupérer des effets personnels. JM - JM
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Publié le , mis à jour

Elisabeth Leleu, ancienne habitante de Clermont-l'Hérault a dû quitter sa maison précipitamment l’été dernier après que la bâtisse a été placée en péril imminent. Il y a quelques jours, la septuagénaire est revenue récupérer des effets personnels. Sa maison est jugée inhabitable par un bureau d’études qui préconise la démolition.

La frêle septuagénaire déambule dans les étages de son ancienne demeure située rue Calquières, une artère étroite du vieux Clermont. Lampe frontale vissée sur le front, Elisabeth Leleu parcourt cette maison sombre, qu’elle connaît si bien, à la recherche de souvenirs qu’elle pourrait encore sauver. Elle tient à récupérer un recueil de fables. L’ouvrage, qui pourrait paraître dérisoire au commun des mortels, a son importance : "Mon père adorait Jean de La Fontaine. Je vais aussi essayer de retrouver des photos et des papiers très importants", glisse-t-elle, se pressant doucement. Car l’autorisation d’entrer dans sa maison est éphémère.

"J’adorais Clermont"

La bâtisse, aujourd’hui sans électricité et fragilisée, est jugée définitivement inhabitable par un bureau d’études qui préconise de démolir l’immeuble. Elle habitait là depuis 1989. L’été dernier, la retraitée a dû quitter son domicile dans l’urgence après que la nouvelle municipalité a dû prendre un arrêté de péril imminent. "J’avais eu trois heures pour prendre mes papiers d’identité, des banalités. J’étais tellement hébétée que je n’ai pratiquement rien sauvé, j’ai pris deux sacs de vêtements…", raconte-t-elle. La maison tient encore. Mais c’est la dame qui est "effondrée. J’ai 74 ans, cette maison c’était toute ma vie. J’adorais Clermont, je me sentais très bien dans cette maison. Tout ce que je possède est ici. Quand on m’a annoncé cela, selon moi, rien ne laissait présager un tel événement". Depuis, la bâtisse a été étayée, sécurisé pour éviter qu’elle ne s’écroule alors que la maison voisine, classée en péril imminent, depuis 2019, était restée en l’état. (Midi Libre du 28 juin 2023.)

"Dans certaines situations, on fonctionne en mode survie"

Certes, l’habitation de la Clermontaise s’était peu à peu dégradée avec le temps alors que sa propriétaire traversait de terribles épreuves. "Nous avions, mon ami et moi, été pris dans un engrenage de maladies et de descente dans la misère, sous de nombreux aspects. Je l’ai soutenu dans sa maladie de Hodgkin, il est décédé à l’âge de 44 ans. Dans certaines situations, on fonctionne en mode de survie. Et quand on vit largement en dessous du seuil de pauvreté, on est soulagé d’avoir un toit sur la tête", confie-t-elle dignement.

Une situation précaire

Depuis, la septuagénaire* réside chez sa sœur, dans le Var. Mais la situation est précaire : "La maison n’est pas adaptée à deux personnes en perte d’autonomie. Et elle est éloignée des commerces, des administrations, des médecins. À Clermont, je faisais absolument tout à pied. Je ne conduis plus depuis 25 ans."

Une maison en sursis

Début mars, Elisabeth Leleu a reçu un courrier de la mairie l’informant qu’en l’absence de travaux et "compte tenu de la persistance du danger", le bureau d’études impose l’interdiction d’habiter là et préconise une démolition. Une phase contradictoire est ouverte jusqu’au 5 avril. D’ici là, elle espère pouvoir à nouveau pouvoir pénétrer dans la bâtisse en sursis pour y retrouver, encore, quelques souvenirs. Et même si Elisabeth Leleu estime que la demeure pourrait, aussi, avoir été fragilisée par l’état de la maison mitoyenne, sa maison pourrait être démolie*. À quelques jours de la date fatidique, elle fait part de sa détresse, "je me sens désarmée face à ce problème qui me dépasse."

 

"Ces maisons ne peuvent pas être réhabilitées"

Contacté, Jean-Marie Sabatier, adjoint clermontais délégué à l’urbanisme indique "Nous avons écrit aux propriétaires, (des deux maisons en péril à l’entrée de la rue Calquières). Nous avons mis leurs maisons en sécurité et nous leur avons transmis la facture. Nous avons agi pour eux parce qu’ils n’agissaient pas, ce n’est pas aux Clermontais de régler l’addition." A l’angle de la rue, la première maison, mitoyenne de celle de madame Leleu, était en vente, "nous voulons faire préemption. Les actes sont à l’étude." Par ailleurs, avant d’aller dans le Var, "madame Leleu a été accompagnée par le CCAS", souligne l’élu. "Nous allons lui faire une proposition d’achat pour sa parcelle. Si on devient propriétaire, la commune prendra en charge la démolition, dans le cadre de la concession de Territoire 34." Partenaire de la Ville, Territoire 34 est une émanation du Département et va aménager plusieurs lieux dans le cadre du plan Petites Villes de Demain. Dans la rue Calquières, ces deux maisons situées en bout de rue sont donc en sursis. "Là, c’est sécurisé. Mais les experts diagnostiquent que ces maisons ne peuvent pas être réhabilitées et qu’il faut maintenant démolir pour pouvoir, derrière, faire quelque chose. Il faut avancer, cela entre dans le cadre de la concession. La commune porte mais est accompagnée", explique Jean-Marie Sabatier. À l’horizon, "Territoire 34 réfléchit à un programme que l’on pourrait réaliser, avec les Bâtiments de France, nous serons contraints".

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Les commentaires (5)
Anonyme154866 Il y a 26 jours Le 01/04/2024 à 11:55

Et la mairie, elle a prévu quoi pour la reloger ?
je sais personnellement le traumatisme que c'est de se retrouver brutalement à la rue après une catastrophe. Je ne sais pas si on s'en remet jamais, surtout quand on est assez âgée. Moi j'ai eu la chance d'avoir une mairie à visage humain... à Clermont c'est comment ?

Koooooo Il y a 27 jours Le 31/03/2024 à 11:11

Ha ...les français. Tous les mêmes tu leur dit de sortie pour anticiper une catastrophe et ils râle tous le temps ..c est héréditaire

Anonyme205304 Il y a 28 jours Le 30/03/2024 à 12:12

Aujourd'hui c'est le fric, l'égoïsme l'américanisation de la France... c'est du macron un gratte papier qui n'a jamais travaillé si ce n'est via la haute fonction publique (corruption oblige)