Cinquante ans après sa disparition, Georges Pompidou revient, entre hommage et nostalgie

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  • Le président Pompidou en vacances dans sa maison, à Cajarc, dans le Lot. Le président Pompidou en vacances dans sa maison, à Cajarc, dans le Lot.
    Le président Pompidou en vacances dans sa maison, à Cajarc, dans le Lot. MAXPPP - JEAN PIERRE TARTRAT
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En 2024, 50 ans après sa disparition l’ex-chef d’État, son bilan, sa personnalité, sa culture, font l’unanimité. Dans la région comme ailleurs.

De Georges Pompidou, il a pu sembler qu’il était le président oublié de la Ve République.

Sans remonter jusqu’au général de Gaulle, François Mitterrand et Jacques Chirac, au-delà de leur bilan, restent des personnalités le plus souvent respectées, regrettées, et bénéficiant encore d’une vraie aura dans leur camp.

Valéry Giscard d’Estaing, lui, est entré dans l’histoire avec l’image de celui qui a permis au pays d’épouser le virage de la modernité, avec des réformes sociétales majeures, de la majorité à 18 ans à la légalisation de l’IVG. N’évoquons par leurs successeurs : par manque de recul, l’Histoire n’a pas encore tranché la qualité de leur postérité.

Attaché à Cajarc, dans le Lot

Reste Georges Pompidou, dont on fit longtemps peu de cas, sinon pour évoquer, ici sa bonhomie, là sa culture. Jusqu’à aujourd’hui. L’occurrence du 50e anniversaire de sa mort, le 2 avril 1974, à 62 ans, permet une réévalution de ses six ans à Matignon et de ses quatre années à l’Élysée, avant que la maladie ne l’emporte, et la naissance d’un sentiment entre mélancolie et regrets. Et le Lotois d’adoption (il était très attaché à Cajarc, où il avait une résidence secondaire), de se retrouver partout.

En sujet d’un documentaire (La cruauté du pouvoir) sur France 3 (disponible sur France.tv), d’un livre signé David Lisnard et Christophe Tardieu (Les leçons de Pompidou, L’Observatoire), d’un colloque officiel (le 10 avril, à l’Assemblée nationale, sous le patronage de sa présidente), entre autres événements qui lui sont dédiés.

"Un enracinement profond et une modernité très poussée"

Parfois par des personnalités pas nées l’année de son décès. Tel Aurélien Pradié, 38 ans, député du Lot, et chef de file de la droite régionale en Occitanie. Il lui avait consacré un chapitre de Tenir bon (2023, Bouquins), et il illustrait sa carte de vœux 2024 d’une photo de Pompidou.

Un Aurélien Pradié pas étonné du regain de popularité de l’Auvergnat : "Son attachement au pays s’incarnait par un enracinement profond et une modernité très poussée. Il avait été oublié, aujourd’hui, tout le monde fait son marché chez lui. Parfois à tort. Un homme rond ? Il était au contraire très raide sur certains sujets ! Libéral ? Parce qu’il a dit qu’il fallait arrêter d’arrêter les Français ? Il a surtout affirmé que la mondialisation serait notre chance, mais aussi notre perte".

Une certaine idée du pays

Mais avec ce travail de mémoire autour de la figure et de la geste pompidolienne, ne s’agit-il pas aussi d’exalter la nostalgie d’une époque, d’une certaine idée du pays ? Une France des Trente Glorieuses finissantes et du plein-emploi, d’un âge d’or industriel d’avant les chocs pétroliers, d’une croissance jamais en dessous de 5 %, des films de Sautet où l’on boit, fume, s’aime, et s’engueule dans des brasseries bondées, des Bébel, Delon, De Funès, Annie Girardot et Marlène Jobert superstars, du France et du Concorde ?

"Quand Pompidou citait Eluard…"

Aurélien Pradié en convient. Et nuance : "Il ne faut pas réécrire l’histoire, mais cette nostalgie révèle aussi que la politique pouvait rendre heureux les Français, permettre de relever de grands défis. Et la parole politique permettait aussi au citoyen de s’élever. Aujourd’hui, trop souvent, la parole politique ressemble à des propos de bar PMU que certains tiennent pour essayer de faire populaire. Quand Pompidou, en conférence de presse, citait Eluard, c’était une façon de dire qu’il ne prenait pas les Français pour des débiles." 

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