"Ces nanas, comment elles font pour endurer tout ça ?" crie la mère d'Alaïs, la jeune prostituée battue à mort à Montpellier

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  • Alaïs Ragot avait 19 ans lorsqu'elle a été tuée à Montpellier en 2020.
    Alaïs Ragot avait 19 ans lorsqu'elle a été tuée à Montpellier en 2020. MIDI LIBRE - Famille Chaumont/Ragot
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A la cour d'assises de l'Hérault, la famille de la jeune fille battue à mort le 10 février 2020 par un proxénète défile à la barre, poignante. Verdict attendu demain vendredi 29 mars pour les deux accusés, qui comparaissent libres encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Sur les écrans de la cour d’assises de l’Hérault, il y a ce jeudi 28 mars le patchwork des images en couleur de la vie d’Alaïs, avant qu’elle ne soit battue à mort, à 19 ans, le 10 février 2020 à Montpellier. Une petite fille qui grandit, dans les bras, en vacances, à la plage, avec les cousins, les cousines, et devant les gâteaux d’anniversaire. À la barre, une mère, qui hurle sa rage et sa douleur.

Violée au collège à 13 ans

"On parle de prostituée, de pute, mais Alaïs, c’était ça !" crie Stéphanie, le bras tendu vers les photos de sa fille. "C’était autre chose !" Et Stéphanie raconte, entre deux sanglots déchirants. "Elle a eu une belle enfance, pétillante. Et en septembre 2014, au collège, à 13 ans, elle s’est fait violer, par un garçon en troisième, qui était "populaire", un peu "bad boy". Deux ans de procédure. Et puis il y a des tumeurs qui sont arrivées, de plus en plus importantes. Ben non, c’est toi la pute, en fait. C’est toi qui fais la pute. C’est parti en pugilat. Changement d’établissement, hospitalisation psychiatrique, scarification. Il a eu du sursis parce qu’il était mineur. Elle est passée du malheur extrême au côté rebelle, elle n’avait plus confiance en la société."

Fugues et mauvaises rencontres

Alaïs commence à fuguer, " et puis elle a rencontré ce genre de personnes" et a décidé de se prostituer, ce que sa mère n’a découvert que bien après, au lendemain de son agression. "Je découvre ce milieu de la prostitution, et la souffrance de ces nanas, comment elles font pour endurer tout ça ?" Elle pleure. "Mon ressenti c’est la colère, ma vie elle est sous terre, à perpétuité."

A lire aussi : "Alaïs voulait arrêter de se prostituer, j'aurais préféré qu'il me tue moi", raconte Kelly, en pleurs aux assises de l'Hérault

Jacques vient à la barre. "Je suis le grand-père maternel d’Alaïs, le grand-père d’une famille dévastée et brisée, traumatisée après ce qui est arrivé à Alaïs par l’entreprise barbare d’un trio dont les agissements n’ont pas de nom, et qui ont pris sa vie et ses espoirs. Je voudrais essayer de rappeler des choses plus heureuses de sa vie, et m’incliner devant le courage qu’elle a eu devant cette sauvagerie, devant le sacrifice qu’elle a fait."

"Toutes les institutions ont failli"

Déclarée en mort cérébrale le lendemain du crime, la famille a autorisé des prélèvements d’organe. "Elle a permis à cinq enfants de vivre. Il y en a qui prennent la vie, il y en a qui la donnent".

Jaques parle de sa famille et de ses 13 petits enfants, "des cousins cousines, une fratrie, et tout le monde était heureux. À 14 ans, elle a été abusée, trahie, bafouée. À cause de la décision judiciaire, elle a perdu complètement confiance dans les adultes. Elle est devenue rebelle. La famille a fait ce qu’elle a pu, et je ne veux pas pointer du doigt, mais il faut bien le dire : toutes les institutions ont failli. Après elle a fait des mauvaises rencontres et elle a pris la mauvaise direction."

"Ce soir-là, personne ne lui a tendu la main"

Il conclut, tout en dignité et retenue : "Je ne suis pas dans la vengeance, ni dans la haine, mais il faut que la justice répare cette injustice". Marie, la grand-mère, appuyée sur sa béquille et sur la barre. "Depuis que je suis arrivée cette semaine, je ne vois que du sang, je n’entends que des choses barbares. Ce soir-là dans son appartement, personne ne lui a tendu la main. Au contraire, on lui a sauté à pied joints sur la tête. Ce n’est pas possible."

Des adieux en salle de réanimation

Sa tante, infirmière en réanimation. "Elle a eu des problèmes, dans sa vie, mais pour autant elle n’a participé à aucun crime. Chacun a eu son chemin, le sien n’était pas le bon, mais elle tendait à reprendre un chemin moins difficile Elle est tombée sur des hommes qui l’ont massacrée, lapidée, des lâches. Dans cette horreur, on est allés lui dire au revoir en réa. Ils lui avaient lavé les cheveux, ils l’avaient maquillée… Dans ce truc hors-sol, elle a sauvé cinq enfants, et autour de ces enfants, il y a aujourd’hui 35 ou 40 personnes qui rayonnent, et quelque chose qui perdure d’elle".

Marylou, sa petite soeur, bouleversante

Et puis Marylou, sa sœur cadette. La voix grave, posée, poignante. "On avait trois ans d’écart. Elle était toujours très protectrice envers moi. Ma sœur, elle était têtue, mais elle savait être généreuse. Je la trouvais magnifique, j’étais jalouse d’elle."

"J’aimais ma sœur. J’ai 19 ans, je vais sur mes 20 ans, et je suis plus vieille que ma grande sœur, ce qui ne fait aucun sens. Les anniversaires ont été très durs. Je l’ai dépassée en âge, j’ai vécu plus longtemps qu’elle, et ce n’est pas normal."

"Vous avez vu les photos de son corps, de son état. Je lui ai tenu la main, sur son lit d’hôpital. Personne ne doit subir la même chose à cause de ces gens-là."

Verdict vendredi 29 mars.

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Les commentaires (7)
GRrniklaideuxmeurerdurn Il y a 29 jours Le 29/03/2024 à 12:11

On dit Monsieur Badinter, merci.
Il a sauvé tant d'innocent, respect.

Anonyme193656 Il y a 29 jours Le 29/03/2024 à 12:11

A 150EUR la passe ça fait réfléchir...

Esprit Critique Il y a 29 jours Le 29/03/2024 à 10:14

Vous avez le bonjour de Badinter.