Pour calmer la colère des agriculteurs, une politique agricole commune revue et corrigée à Bruxelles

  • Des colères à apaiser, une PAC révisée.
    Des colères à apaiser, une PAC révisée. Midi Libre - Michael Esdourrubailh
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Une politique agricole commune corrigée dans l’urgence, détricotée, et moins ambitieuse sur le plan écologique.

C’est une sorte de nouvelle nouvelle politique agricole commune (PAC) qui a été actée mardi soir à Bruxelles par les ministres de l’Agriculture des vingt-sept États membres de l’Union européenne. Alors que 300 tracteurs se pressaient dans le quartier européen, avec klaxons à fond, jets d’œufs et feux de foin. Et cette nouvelle PAC, mise en œuvre il y a environ un an après trois années d’élaboration, de subir un sacré lifting.

"Nous avons écouté nos agriculteurs et nous avons pris des mesures rapides pour répondre à leurs préoccupations", reconnaissait mardi dans la soirée David Clarinval, vice-premier ministre belge, en charge de l’agriculture, cité par Le Monde.

Une "flexibilisation d’une partie de la PAC"

"Ce n’est pas une nouvelle PAC, mais la flexibilisation d’une partie de la PAC" développait pour sa part, satisfaite, l’Héraultaise Irène Tolleret, eurodéputée (elle siège dans le groupe Renew avec les élus de la majorité présidentielle), par ailleurs viticultrice à Fontanès.

"On a voulu faire une PAC très environnementale, avec une obligation de moyens pour atteindre ces objectifs environnementaux. À condition de ne pas écrire des choses impossibles à faire, sinon on n’y arrive pas. Avec cette flexibilisation, cette nouvelle PAC pourra s’appliquer dans la réalité des champs et pas seulement dans les ordinateurs de Bruxelles" justifiait-elle.

Moins de contraintes, plus de souplesse

En prenant l’exemple des jachères : "Le 4 % de jachères, c’est très bien au niveau national, mais impossible à tenir sur chaque ferme. Il vaut mieux avoir 8 % au niveau national, et être plus souple sur chaque ferme".

En effet, les fermiers étaient jusqu’alors obligés de conserver ou convertir 4 % de leurs terres en jachère et en surfaces non productives (sous forme de haies par exemple). Désormais, ils y seront simplement encouragés. Seule contrainte : maintenir en l’état les éléments paysagers existants, a-t-il été acté mardi.

La rotation des cultures n’est également plus obligatoire, et les exploitations de moins de 10 hectares seront dispensées de contrôles et de sanctions si elles n’appliquent pas leurs obligations écologiques.

"Nos agriculteurs méritent qu’on les écoute"

Autant de mesures, entre autres corrections, qui vont dans le sens des annonces de la présidente de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen du 7 février à Strasbourg. Où elle avait proposé de supprimer le projet de réduire de moitié l’usage de pesticides dans l’Union européenne. "Nos agriculteurs méritent qu’on les écoute", avait alors déclaré la cheffe de l’exécutif européen devant le Parlement européen.

À Strasbourg, où les eurodéputés devront valider, lors de la plénière du 22 au 25 avril, le texte rédigé mardi à Bruxelles. On sera alors à six semaines des élections européennes.

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Les commentaires (5)
GRrACAB Il y a 1 mois Le 27/03/2024 à 13:26

honte aux agri-assistés, on ne les a pas obligés à faire ce métier, ils veulent plus de glyphosates et nous les Français sommes contre.
Jardinez, c'est l'avenir.

Sylvie.BH Il y a 1 mois Le 27/03/2024 à 13:13

Soutien total à nos agriculteurs qui travaillent durs pour nourrir la France, les mesures drastiques de l'Europe et du gouvernement français (moins de subventions, plus de contraintes sur les normes, augmentations des importations de blé et miel d'Ukraine par exemple) pénalisent gravement nos agriculteurs, alors que l'Europe va débloquer 50 milliards d'euros pour le régime de Kiev, bref avec nos impôts.

Milac Il y a 1 mois Le 27/03/2024 à 12:51

Les deux grandes promesses de l'UE était la paix et la prospérité . Ça a fonctionné longtemps mais aujourd'hui l'Europe est en panne , c'est la guerre et la crise . Les britanniques en prenant la poudre d'escampette ont ouvert la boîte de Pandore! En fait en délocalisant l'industrie, en soumettant l'agriculture à une féroce concurrence masquée par des aides , on a liquidé en France les ouvriers et les paysans . Pour voir des ouvriers de chez Renault il faut aller en Roumanie qui ressemble à la France des années 60 et demain il faudra aller en ukraine pour voir une paysannerie nombreuse au pays des terres noires . Le rêve d'une agriculture écologique et vertueuse dans un monde qui ne l'est pas et dont on importe les produits sans contrôle est la goutte qui a fait déborder le vase . En vérité , le réveil sera douloureux tôt ou tard et qu'on découvrira les méfaits du tout libéralisme .

jlmt Il y a 1 mois Le 27/03/2024 à 13:02

toujours aussi inspiré

legavot48 Il y a 1 mois Le 27/03/2024 à 13:03

Très bonne analyse à une petite chose près : les Anglais n'ont jamais été Européens avec de nombreuses faveurs , et bon débarras !