Pour calmer la colère des agriculteurs, une politique agricole commune revue et corrigée à Bruxelles
Une politique agricole commune corrigée dans l’urgence, détricotée, et moins ambitieuse sur le plan écologique.
C’est une sorte de nouvelle nouvelle politique agricole commune (PAC) qui a été actée mardi soir à Bruxelles par les ministres de l’Agriculture des vingt-sept États membres de l’Union européenne. Alors que 300 tracteurs se pressaient dans le quartier européen, avec klaxons à fond, jets d’œufs et feux de foin. Et cette nouvelle PAC, mise en œuvre il y a environ un an après trois années d’élaboration, de subir un sacré lifting.
"Nous avons écouté nos agriculteurs et nous avons pris des mesures rapides pour répondre à leurs préoccupations", reconnaissait mardi dans la soirée David Clarinval, vice-premier ministre belge, en charge de l’agriculture, cité par Le Monde.
Une "flexibilisation d’une partie de la PAC"
"Ce n’est pas une nouvelle PAC, mais la flexibilisation d’une partie de la PAC" développait pour sa part, satisfaite, l’Héraultaise Irène Tolleret, eurodéputée (elle siège dans le groupe Renew avec les élus de la majorité présidentielle), par ailleurs viticultrice à Fontanès.
"On a voulu faire une PAC très environnementale, avec une obligation de moyens pour atteindre ces objectifs environnementaux. À condition de ne pas écrire des choses impossibles à faire, sinon on n’y arrive pas. Avec cette flexibilisation, cette nouvelle PAC pourra s’appliquer dans la réalité des champs et pas seulement dans les ordinateurs de Bruxelles" justifiait-elle.
Moins de contraintes, plus de souplesse
En prenant l’exemple des jachères : "Le 4 % de jachères, c’est très bien au niveau national, mais impossible à tenir sur chaque ferme. Il vaut mieux avoir 8 % au niveau national, et être plus souple sur chaque ferme".
En effet, les fermiers étaient jusqu’alors obligés de conserver ou convertir 4 % de leurs terres en jachère et en surfaces non productives (sous forme de haies par exemple). Désormais, ils y seront simplement encouragés. Seule contrainte : maintenir en l’état les éléments paysagers existants, a-t-il été acté mardi.
La rotation des cultures n’est également plus obligatoire, et les exploitations de moins de 10 hectares seront dispensées de contrôles et de sanctions si elles n’appliquent pas leurs obligations écologiques.
"Nos agriculteurs méritent qu’on les écoute"
Autant de mesures, entre autres corrections, qui vont dans le sens des annonces de la présidente de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen du 7 février à Strasbourg. Où elle avait proposé de supprimer le projet de réduire de moitié l’usage de pesticides dans l’Union européenne. "Nos agriculteurs méritent qu’on les écoute", avait alors déclaré la cheffe de l’exécutif européen devant le Parlement européen.
À Strasbourg, où les eurodéputés devront valider, lors de la plénière du 22 au 25 avril, le texte rédigé mardi à Bruxelles. On sera alors à six semaines des élections européennes.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?