La Justice demande à l'IGPN d'enquêter sur des faits commis à l'Hôtel de police de Montpellier

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  • Les faits qui s'étaient déroulés le 27 février à l'Hôtel de police de Montpelier comportent plusieurs zones d'ombre.
    Les faits qui s'étaient déroulés le 27 février à l'Hôtel de police de Montpelier comportent plusieurs zones d'ombre. Midi Libre - RICHARD DE HULLESSEN
Publié le , mis à jour
Guillaume Richard

Le tribunal correctionnel de Montpellier a confié à la "police des polices" un supplément d'information sur deux gardes à vue qui se sont déroulées le 27 février à l’Hôtel de police et ont débouché sur une saisie de stupéfiants réalisée le même jour.

Il est rare qu’un avocat demande à la justice qu’une enquête de police visant son client soit confiée à un autre service, et encore moins qu’il obtienne satisfaction.

Si c'est la gendarmerie qui avait été mentionnée dans un premier temps, c'est finalement, l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) qui a été chargé par le tribunal correctionnel de Montpllier, ce lundi 25 mars, d’un supplément d’information concernant des faits qui se sont déroulés à l’Hôtel de police de Montpellier, le 27 février.

Ce jour-là, aux alentours de 18 h 30, les policiers interpellent un Montpelliérain âgé de 27 ans, à proximité d’un fast-food d’Alco. Houssama se rebelle et blesse deux fonctionnaires avant d’être maîtrisé. Dans son véhicule sont retrouvés près de 10 kg de résine de cannabis.

Selon les policiers, c’est un renseignement anonyme qui les a mis sur la piste d’Houssama. Mais selon ce dernier, c’est Aziz (*), une de ses connaissances, qui lui aurait passé une commande de stupéfiants, par un SMS envoyé vers 16 h, lui donnant rendez-vous à Alco vers 18 h. Où les policiers l’attendaient pour le prendre en flagrant délit…

Étonnamment, Aziz se trouvait en garde à vue à l’Hôtel de police au moment où il aurait envoyé ce message. Autre fait troublant : il était auditionné par la brigade des stups, alors qu’il était soupçonné de recel de vol de voiture.

D’autres zones d’ombre ont été mises en évidence lors du procès, qui s’est déroulé ce lundi 25 mars, au tribunal correctionnel de Montpellier. Houssama déclare n’avoir récupéré aucun de ses deux téléphones portables à l’issue de sa garde à vue, et Aziz dit qu’on ne lui en a rendu qu’un sur deux.

"Provocation policière"

Autre question posée par Me Marc Gallix, avocat d’Houssama : "Pourquoi n’y a-t-il eu aucune exploitation de ces téléphones, alors que c’est monnaie courante dans les affaires de stups ? Et pourquoi ces téléphones ont-ils disparu, alors qu’ils auraient dû être consignés, comme tous les autres éléments saisis lors de la fouille ?".

Pour lui, il n’y a guère de doute : "les policiers se sont servis du téléphone du gardé à vue pour tendre un piège à mon client. Il n’y a jamais eu de renseignement anonyme".

"Ce n’est que la deuxième fois de ma vie que je plaide une provocation policière", a précisé l’avocat aux juges. Ajoutant que "la lutte contre le trafic de stupéfiants n’autorise pas tout". Il a demandé qu’un supplément d’information soit confié à la gendarmerie. C'est finalement l'IGPN qui en aura la charge.

"On peut émettre des doutes sur la police mais on ne peut pas affirmer qu’elle est coupable, a répondu Alexia Diot, au nom du procureur. C’est le prévenu qui dit avoir été contacté par téléphone par le témoin. Quelqu’un se faisant passer pour ce dernier aurait aussi pu faire appel à lui. Tout cela aurait pu être vérifié. Je demande l’exploitation du téléphone portable du prévenu, mais aussi qu’on laisse cette affaire à la police".

Condamné 27 fois

Elle n’a été que partiellement entendue, puisque le tribunal, présidé par Alix Fredon, a confié ce supplément d’information à la "police des polices", qui devra enquêter sur les actes de la garde à vue concernant les deux individus.

Devant les juges, Aziz a nié avoir envoyé un message au prévenu. Il sera 'donc réentendu.

Houssama a un lourd pedigree, puisqu’il compte 27 condamnations. La dernière est aussi la plus sévère, puisqu’il a écopé de cinq ans d’emprisonnement en 2021, notamment pour vol aggravé en récidive. Placé sous contrôle judiciaire à sa sortie, il portait un bracelet électronique lorsqu’il a été interpellé le 27 février dernier. Il est en détention provisoire depuis ce jour-là.

Le ministère public a obtenu son maintien derrière les barreaux "au regard du risque de fuite ou de réitération", en attendant son procès. Celui-ci a été fixé dans un mois. Le temps de permettre à l'IGPN d’effectuer ses investigations.

* Le prénom a été modifié
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