Le proxénète et la prostituée obligeaient leurs fillettes à se battre entre elles

Abonnés
  • Le père et la mère avaient été condamnés pour proxénétisme.
    Le père et la mère avaient été condamnés pour proxénétisme. PS - ML
Publié le
ANTONIA JIMENEZ

Le 20 mars, le tribunal de Béziers a condamné une mère, qui avait soustrait ses filles à la protection de l'aide sociale à l'enfance (ASE), à trois ans de prison et lui a retiré l’autorité parentale.

La quadragénaire, qui arbore une main toute tatouée, arrive à l’audience du 20 mars du tribunal de Béziers menottée, en pleurs. Elle ne cessera de pleurer tout au long de son jugement. Mais elle repartira du box des prévenus sans larmes, le visage dur et le regard très froid de la femme condamnée à trois ans de prison ferme avec maintien en détention.

Et surtout affichant le regard d’une mère qui a perdu l’autorité parentale sur ses deux filles, aujourd’hui âgées de 17 et 15 ans. La décision, annoncée par le président Christophe Rolland, est grave, tout comme le sont les faits qui lui sont reprochés : avoir enlevé ses filles, qui avaient été placées par le tribunal sous la protection de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) dans un foyer à Saint-Pons, en 2018. Trois mandats d’arrêts avaient été prononcés contre la prévenue, de janvier 2019 au 28 janvier 2022.

Les filles se battaient entre elles, le père filmait

Si les enfants avaient été retirés aux parents et ceux-ci condamnés, c’est entre autres parce que le père, proxénète de femmes bulgares et de la mère de ses enfants, elle aussi condamnée pour proxénétisme, obligeait ses fillettes, 7 et 5 ans à l’époque, à se battre entre elles, avec l’accord de la mère.

Des violences que le père filmait, où on le voyait encourager ses filles. Pendant six ans, la famille a vécu cachée dans diverses villes, notamment dans le quartier Saint-Jacques, à Perpignan, durant un an. Les filles étant déscolarisées durant toute la période de cavale.Elles étaient parfois gardées par le père, cocaïnomane qui, lui, s’était évadé de prison en 2017, détenu pour proxénétisme aggravé.

La mère ayant fini par porter plainte contre lui il y a deux mois pour violences conjugales (la prévenue ne cessera de dire à l’audience qu’elle était battue), les forces de l’ordre sont alors parvenues à la retrouver. Elle a été incarcérée le 20 février dernier. Le père également. Bref, une histoire à faire pâlir Émile Zola.

Ce 20 mars, il s’agissait pour le tribunal biterrois, d’examiner l’opposition que la prévenue a faite à un jugement du 28 janvier dernier (établi en son absence) qui la condamnait à trois ans de prison avec retrait total de l’autorité parentale. Tout au long de l’audience, la prévenue n’a eu de cesse de se présenter en victime de son mari violent. D’où les larmes. "J’étais sous emprise, il me frappait, il m’enfermait", répétait-elle.

Elle a protégé... le père

Le procureur René Scognamiglio, ainsi que maître Martin-Veleine, l’avocat du Département, partie civile dans cette affaire (les enfants étant sous sa protection) ont insisté sur le fait qu’elle n’a jamais porté plainte, n’a jamais protégé ses filles mais... le père. Ils lui ont rappelé très durement, notamment le procureur, qu’elle avait eu maintes fois l’occasion de prendre ses filles avec elle et d’échapper aux griffes de son mari. Or, elle ne l’a jamais fait.

"Vous racontez n’importe quoi […] À un moment, vous avez fait des choix […]. On vous reproche d’avoir remis en danger vos enfants qui avaient été mises en protection de l’ASE", et qui se reconstruisaient de tout ce que leurs parents leur avaient fait subir.

Tous deux ont requis, entre autres, le retrait de l’autorité parentale et l’incarcération pendant trois ans. L’avocat de la prévenue a, quant à lui, insisté sur "l’emprise", demandant la relaxe ou, si condamnation, de revoir la peine à la baisse, sans retrait de l’autorité parentale. Il n’a pas été entendu.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement
à cet article à partir de
2,49€/mois
Voir les commentaires
L'immobilier à Béziers

139000 €

À Béziers, quartier du château d'eau. Appartement de type 3 de 70 mètres ca[...]

79000 €

La Deveze - Vous trouverez ce spacieux T3 au sein d'une copropriété sécuris[...]

Toutes les annonces immobilières de Béziers
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?