"Je suis très inquiet pour la filière viticole", l'avis de Denis Carretier avant le Salon de l'agriculture
Victime d’un très grave accident de la route avant Noël, Denis Carretier, président de la chambre d'agriculture d'Occitanie regrette de ne pas être présent sur le salon international de l'agriculture et livre ses vives inquiétudes.
Tout d'abord comment allez-vous ?
Je vais mieux, je suis encore en soins et je me retape. J’arrive un peu à marcher. J’espère sortir bientôt, mais je ne peux pas prendre de risque. J’essaie, autant que je peux, de rester aux affaires pour répondre au plus urgent. Je le fais au téléphone. Il faut que j’arrive à être patient.
Vous avez tout de même pu suivre la colère des agriculteurs qui peine à retomber ?
Je l’ai suivie, bien sûr, sans être étonné car je dis depuis longtemps que le feu couvait. Ce cri du cœur de l’agriculture dans sa globalité n’est malheureusement pas une nouveauté. On a pu assister à quelques avancées, notamment sur les surcharges administratives, mais est-ce que cela va suffire ? Je ne sais pas le dire.
Selon vous, quel est le problème ?
Le problème de fond, c’est l’absence de marché. En plus, la loi Egalim (censée protéger une rémunération plus juste aux agriculteurs) ne fonctionne pas ou elle fonctionne mal car elle est détournée. Par ailleurs, je suis particulièrement inquiet sur la filière viticole. On sort de Wine Paris, et j’ai peur que la viticulture soit la deuxième lame de la colère agricole d’ici quelques semaines. Les vignerons structurés, capables de conditionner, cela fonctionne mais ceux qui font des ventes au coup par coup vendent moins, notamment en grande distribution.
Que pensez-vous des mesures d’urgence ?
C’est bien mais quand les coopératives vont commencer à payer les acomptes, ils seront plus petits du fait de la réduction des volumes. Il faudra probablement revoir une organisation différente, comme me l’a demandé la présidente de la Région Occitanie Carole Delga. En attendant de restructurer, il faudra des aides pour passer l’année. Sans compter la problématique du paradoxe de l’eau avec des excès dans le Nord et des sécheresses ici. Sur cette question, il y a des solutions, on est aussi aux affaires mais on a besoin d’un peu de temps avant de faire des annonces.
Vous ne serez pas au salon mais qu’en attendez-vous ?
Non et je le regrette d’autant plus que c’est l’anniversaire des 100 ans des chambres d’agriculture. J’espère qu’il n’y aura pas de fous furieux et que cela restera digne, même s’il est légitime qu’il y ait des revendications. Je souhaite qu’il y ait une pause pendant ce salon pour permettre la mise en avant de l’agriculture d’Occitanie riche et plurielle, sur tous les signes de qualité. On va nous aimer une semaine, il faut qu’on rende cet amour aux gens pour qu’ils consomment nos produits toute l’année.
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