Nappes d’hydrocarbures sur le canal de Sète : comment le port lutte contre ces pollutions ?
Cette année, quatre nappes d'hydrocarbures, restant parfois des jours, ont été observées sur les canaux de Sète. Voici les moyens du port pour lutter contre ces pollutions ?
Des risques pour la biodiversité
Avoir du gasoil (48 % du temps), de l’huile (13%) ou encore des dégraissants et de la peinture (19%) dans l’eau des canaux, ce n’est pas sans conséquences.
"Si les hydrocarbures légers n’impactent pas a priori directement les fonds par recouvrements (sauf persistances longues), ils restent très toxiques pour tous les organismes vivants à la surface de l’eau, notamment les planctons notamment, précise la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) Occitanie. Leur présence récurrente peut, à terme, entraîner un appauvrissement biologique des eaux. Ils peuvent également entrer dans la chaîne alimentaire du milieu marin concerné avec des impacts de toxicité chronique à long terme sur la faune marine."
L’enjeu pour le port est donc "de prévenir au maximum ces pollutions et de les confiner dans les canaux, avant traitement ou dégradation naturelle, pour éviter leur départ dans l’étang de Thau où elles pourraient avoir un impact direct sur les herbiers de zostères, les nacres, les hippocampes…, en particulier en bord d’étang très peu profond", ajoute l’organisme. Toutefois, "les risques sur la conchyliculture de l’étang sont faibles du fait de la distance importante et de la dégradation naturelle rapide de ces polluants".
Au fil des jours, les nappes d’hydrocarbures se sont installées sur les canaux de la ville et dans l’inconscient collectif de nombreux Sétois. De quoi provoquer une certaine inquiétude. "C’est sûr que ces nappes ne sont pas tops pour l’image de la ville", reconnaît notamment François Commeinhes, précisant toutefois "ce genre de chose, ça s’est toujours vu".
Face au problème, souvent à l’origine de fuites ou d’eaux de cales de bateaux déversées involontairement ou par négligence, Port Sud de France, en charge des canaux et d’éviter au mieux les pollutions "mène un combat sur plusieurs fronts", explique Géraldine Lamy, responsable du volet environnement.
Agir en prévention…
Tout commence par la prévention terrestre. "Sur la zone de carénage, il y a une filière complète de traitement des eaux. Sur le réseau des eaux pluviales, on a 30 séparateurs d’hydrocarbures. Cinq personnes sont mobilisées pour le nettoyage des quais", liste d’abord celle qui est à Port Sud de France depuis 2012.
"Rien que cet important travail de prévention, nous permet d’éviter un bon nombre de pollutions", assure Olivier Carmes, directeur général du port.
"Puis, on fait de la sensibilisation. On distribue des kits anti-pollution pour les nouveaux abonnés. On a aussi cinq points de tri des déchets avec des récupérateurs d’eaux de cales ou encore un système de pompage des eaux grises et noires", reprend Géraldine Lamy.
… puis, en réaction
Malgré tout, comme le reste des Sétois, le port ne peut que constater les nappes. "Quand il y en a sur l’eau, c’est toujours un échec", reconnaît le directeur.
Alors, des tests sont réalisés et les actions sont décidées en fonction des résultats. Parfois des barrages flottants peuvent être déployés pour stopper la propagation, comme ce fut le cas mardi sous le pont Virla. D’autres fois, des buvards ou des boudins absorbants sont utilisés. "Mais souvent, ça nous arrive de laisser les hydrocarbures légers s’évaporer. 1 litre recouvre jusqu’à deux terrains de football sur une épaisseur d’un micromètre. En quelques heures, ça peut disparaître", indique Olivier Carmes, qui reconnaît que "la course à l’amélioration est perpétuelle".
Ainsi, jeudi dernier, le port a déployé le premier de ses trois “DPol”, robot aspirant et dépolluant, au Môle. D’ici Escale à Sète, en plus d’un exercice anti-pollution, une prestation de nettoyage du plan d’eau avec service de dépollution, de pompage des eaux grises et noires, et des eaux de cales, sera mis en place pour trois ans. Un système de pompages des eaux de cale sera aussi installé en septembre et des absorbants à base de plumes d’oie seront testés durant l’année. Espérons qu’avec tout cela, les nappes deviennent plus qu’un lointain mirage.
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