Me Gérard Christol était à l'assemblée nationale pour l'abolition de la peine de mort : "On était au cœur de l'Humain"
L'avocat Montpelliérain se souvient de ce moment historique où il était à l'assemblée nationale quand Robert Badinter a prononcé son fameux discours.
Du haut de ses pratiquement 60 ans de "barre", Me Gérard Christol, l'avocat Montpelliérain, connaissait forcément Robert Badinter.
"Je dirai qu'il était une personne d'exception" salue celui qui exerce encore dans les prétoires. Surtout, Gérard Christol était présent à l'Assemblée nationale, le 17 septembre 1981, lorsque celui qui, avocat, était devenu garde des Sceaux après l'élection du socialiste François Miterrand, en mai 1981, a défendu son texte pour l'abolition de la peine de mort.
Un grand moment. Unique. Qui l'a forcément marqué à jamais. Il se souvient d'ailleurs de la date et des images lui reviennent.
C'était le 17 septembre 1981 et Robert Badinter avait commencé par ces mots : "J'ai l'honneur, au nom du gouvernement et de la République, de demander à l'Assemblée nationale, l'abolition de la peine de mort en France". Et, citant Jaurés, le garde des Sceaux avait rappelé que cette peine capitale "est contraire à ce que l'Humanité a pensé de plus haut, elle est contraire à la foi et à l'esprit de la révolution. Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue".
Le ton solennel, historique, dramatique même, devant les députés, pendant deux heures, Me Christol s'en souvient.
"Il s'est dégagé une émotion exceptionnelle dépassant le cadre juridique"
"De ce discours d'abolition de la peine de mort, j'en garde un grand souvenir ému, il avait un tel talent oratoire et il s'en est dégagé une émotion exceptionnelle qui dépassait vraiment le cadre juridique, on était au cœur de l'Humain" indique-t-il.
"Il y avait la profondeur de ce raisonnement et il était rappelé que la peine de mort existait encore et il m'était revenu une plaidoirie d'Emile Polak quand j'étais adolescent, qui avait plaidé contre la peine capitale, et elle me revient encore".
La loi avait été votée le lendemain par les députés, puis fin septembre 1980 par les sénateurs avant d'être promulguée en octobre.
Aujourd'hui, le bâtonnier Christol, fils, petit-fils et père d'avocat, rappelle l'importance, plus de 40 ans après, du vote de cette loi.
"C'est important de se rappeler les périodes d'exception"
"Dans ces moments difficiles que nous vivons actuellement, de changement de civilisation, c'est justement important de se rappeler les périodes d'exception, ces moments où la civilisation atteint des sommets".
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