"L'envers du des corps", fable initiatique pour apprendre à s'aimer, au théâtre des Franciscains, à Béziers
Le Théâtre des Franciscains accueille en résidence artistique, depuis le 8 janvier, les membres de la compagnie L'Albatros et l'éléphant. Leur nouvelle pièce, "L'Envers du des corps", est une fable dystopique qui met en jeu les femmes et leur rapport à leur corps. Un texte profond, empreint d'émotions mais où l'humour permet de s'affranchir des barrières, à découvrir ce vendredi 26 janvier, à 20 h.
"Se taire, prier, travailler et sourire". Tel est le nouveau (et sinistre) mantra des femmes dans le monde dystopique de "L'envers du des corps", une pièce écrite et mise en scène par Mélissa Prat, de la compagnie L'Albatros et l'Éléphant, en résidence artistique au Théâtre des Franciscains depuis le 8 janvier. Elles présenteront leur spectacle aux Biterrois, ce vendredi 26 janvier, à 20 h.
"Ma première envie était de parler du rapport des femmes à leur corps. Comme un récit initiatique pour apprendre l'amour de soi, de façon très générale. Nous, on le traite par le prisme des femmes mais je pense que c'est un sujet qui est aussi relié aux hommes. À partir du moment où on est humain et qu'on a une apparence physique, ça concerne un peu tout le monde, non ?", relate dans un grand sourire Mélissa Prat.
Le corps, cet étranger...
Une relation qui dure toute la vie avec ce corps qui fait partie de nous mais se révèle parfois un parfait étranger. Une relation faite de bienveillance ou de dégoût, d'empathie ou de défi, de méfiance et de déception. "C'est souvent un rapport conflictuel, qui fluctue au fil du temps et de l'âge, et qui peut passer du merveilleux à l'obscur, dans une dichotomie du corps et de l'esprit qui interroge aussi".
La comédienne et metteure en scène a alors entrepris de récolter des témoignages auprès de femmes, comme un patchwork d'idées, d'histoires, de vécus et de sensations qui a servi à l'élaboration de la pièce. Une fable dystopique, donc, où la société patriarcale est poussée à son excès et où les femmes ne sont que "dulcinées" ou "petites matrones". "J'ai trouvé que le prisme du conte et de l'invention, de la fiction en somme, est parfait pour évoquer notre réalité actuelle, ses problèmes et ses enjeux".
Le décalage de l'humour
Le spectacle, s'il aborde des thématiques profondes et fait affleurer à de nombreuses reprises l'émotion, utilise également le ressort de la légèreté et de l'humour. "Elles se retrouvent dans des situations décalées, assez drôles – enfin, je l'espère car on n'a pas encore joué devant le public - où l'on peut tous se reconnaître. On parle de choses sérieuses mais sans sombrer dans le drame".
Plutôt que de réduire le spectacle à une pièce féministe, l'ambition de la cie L'Albatros et l'Éléphant est de lui donner une portée bien plus large en évoquant "la nécessité de s'accepter tel que l'on est, peu importe le sexe, l'âge ou l'origine. S'extraire des diktats actuels (maternité, rester jeune...) ou tout simplement du regard de l'autre, qu'il soit sociétal, filial, amical ou amoureux. Pour mieux se réconcilier avec soi-même." Comme un premier pas vers l'émancipation.
Grands patrons, dulcinées et maisons de poupées
Dans ce monde dystopique, à une époque indéterminée, la société est éminemment patriarcale. Il n'y a d'ailleurs plus d'hommes et de femmes mais des grands patrons, des dulcinées et des petites matrones. "Dans cette société, les dulcinées qui ne sont pas encore attribuées à un homme, une fois sorties du cocon familial, sont envoyées dans des maisons de poupées, un genre de centre de formation, régies par des femmes". Formées et même formatées.
On y suit deux pensionnaires, Ninon et Macha qui ont des trajectoires de voie très différentes. "Ninon a été enfermée excessivement tôt dans cette maison de poupées. Elle ne connaît que ce monde-là. Elle est déjà embrigadée et veut faire les choses bien. Elle rêve de cette attribution qui, selon elle, signera le début de sa vie".
Macha, quant à elle, est une enfant des rues, orpheline et attribuée très jeune à un très vieux monsieur. à sa mort, elle s'est retrouvée à la rue, est tombée dans la prostitution pour vivre, a infiltré un réseau de résistants avant de se faire attraper par la police des patrons.
La confrontation des deux permettra la prise de conscience, l'émancipation et la libération des deux femmes. Une 3e personnage fera irruption à la moitié du spectacle dans la chambrée et va provoquer bien des remises en question.
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