"Ce sont des délinquants" : le préfet de l'Hérault dénonce les installations illégales de gens du voyage et préconise des solutions
François-Xavier Lauch incite les commerçants victimes de campements sauvages à porter plainte. Il appelle aussi à une réponse pénale forte et veut réunir tout le monde autour de la table pour trouver une solution pérenne.
Des commerçants ont été la cible de racket par un groupe de gens du voyage à Saint-Jean-de-Védas : votre réaction ?
Cette situation est intolérable. Elle remonte à très loin. Ce ne sont pas des gens du voyage, il ne faut pas tout mélanger. Ce sont des délinquants parfaitement identifiés. Ils sont connus par les élus du secteur, Pérols, Montpellier, Saint-Jean-de-Védas dont je comprends la colère. Ils pratiquent de manière régulière le déplacement de leur campement en se soustrayant à la loi.
Ils passent de Cambacérès à Pérols, Saint-Jean-de-Védas, Cournonterral : comment mettre fin à cette errance ?
Ils se déplacent de but en but et échappent à la réglementation fixée par la loi Besson. Cette réglementation permet au préfet de les expulser par des arrêtés administratifs. À deux conditions. La commune ou l'intercommunalité doit être en règle avec le schéma départemental des aires des gens du voyage. La Métropole de Montpellier ne l'est pas malgré le rattrapage très important. Mais je ne peux pas prendre ce type d'arrêtés quand ils s'installent sur des terrains privés sur des zones commerciales. Ils le savent et font exprès de s'y installer.
Quelle solution alors ?
Elle est double. D'abord porter plainte a fortiori quand il y a des tentatives de racket. Le dossier judiciaire de ces familles s'aggrave. Les commerçants peuvent saisir le tribunal judiciaire en référé ce qui permet d'obtenir dans des délais très bref une décision d'expulsion. Je donne systématiquement le concours de la force publique. Ce groupe qui connaît très bien la réglementation part juste avant en règle générale. On a été confronté une fois à ce cas depuis mon arrivée. Ils vont sur un autre terrain et il faut recommencer la procédure. Ce n'est pas satisfaisant.
Que proposez-vous ?
J'ai alerté le procureur de la République sur ce dossier sensible et vif. Sans doute dans le traitement pénal, il faut avoir des réponses fermes. On ne peut pas se satisfaire du vol d'énergie, des dégâts occasionnés et détériorations. L'occupation de parking porte préjudice aux commerces. Deuxième point : je vais réunir les maires concernés, le procureur, les services de l'Etat concernés comme la DDFIP pour examiner le suivi fiscal. Il faut aussi un suivi social de ces personnes en voie de sédentarisation et trouver un endroit. J'inviterai le collectif des commerçants. Pas plus qu'eux ou les élus, je ne trouve la situation acceptable. En même temps qu'on montre les dents, il faut trouver un canal de discussion avec eux. Ça ne peut pas durer. Je ne peux pas croire que ces familles sont heureuses de vivre dans un tel état sanitaire en subissant des évacuations forcées.
Faut-il changer la loi ?
Un préfet applique la loi et ne la commente pas. Je ne dirai pas qu'il y a un vide juridique. La loi Besson est fondée sur un principe simple : on donne le droit aux collectivités de prendre des arrêtés d'interdiction à partir du moment où elles sont en règle. Ça vaut pour les terrains publics. L'évacuation est une solution de court terme. Je vais prendre la défense de la métropole : leur situation ne correspond pas à ce pour quoi les aires d'accueil sont faites. Si la situation était simple, mes prédécesseurs l'auraient réglée depuis longtemps. Le procureur comme moi prenons le dossier à bras-le-corps.
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