Lourdement condamné dans une affaire de fusillade et interdit de séjour à Alès, il est vu aux Cévennes et interpellé
Le mis en cause dit qu’il venait voir sa mère malade. Devant le tribunal correctionnel de la capitale des Cévennes, il écope, en comparution immédiate, ce lundi 22 janvier, d’un bracelet électronique qu’il devra garder durant huit mois.
L’homme qui se présente dans le box des prévenus du tribunal d’Alès, ce lundi 22 janvier, est loin d’être un inconnu de la justice. Âgé de 23 ans, il avait été mis en cause dans la fusillade du salon de thé alésien “Les délices orientaux”, survenue en octobre 2019 sur le quai de Bilina. Jugé avec ses comparses en avril 2022, il avait été condamné à cinq ans de prison. Après de la détention provisoire et une exécution de peine en cellule, il est sorti de détention en juillet dernier, et a été délivré de son bracelet électronique en novembre.
Il est interpellé, selon la police, près d'un point de deal
Problème : alors qu’il est toujours sous le coup d’une interdiction de séjour à Alès, lui qui vit désormais aux Salles-du-Gardon a été interpellé, par un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) qui l’a reconnu, dans le quartier des Cévennes, dans la nuit du 18 au 19 janvier, vers minuit et demi. Soit, selon les forces de l’ordre, à l’heure de la fermeture d’un point de deal. Sur lui, les fonctionnaires ont découvert un couteau, qu’il dit avoir acheté lors d’un récent week-end au ski, et deux grammes de shit, pour sa consommation personnelle, dit-il.
"Je ne savais pas que je risquais la prison", dit le prévenu
Lors de sa garde à vue comme à ses juges, le jeune homme explique qu’il rendait visite à sa mère malade : "Le quartier est sur la route ; j’y allais à pied." Il n’avait pas encore formulé de demande pour lever l’interdiction de se rendre chez sa maman et, violer cette interdiction, il "ne pensait pas que ça allait aller loin comme ça". Lorsque Marie-Lucie Godard, la présidente de l’audience, parle du point de deal, lui répond qu’il a été interpellé "loin" de cet endroit. La juge lui signale qu’il est difficile de le croire : "Pourquoi vous retrouver à minuit dans un quartier où vous avez toutes les chances de vous faire arrêter ?" Il se défend : "Je ne savais pas que je risquais la prison. Je n’ai rien fait ; je n’ai pas commis de délit. Je sortais de chez ma mère, c’est tout !"
"Ce n’est pas bien de juger quelqu’un par rapport à son passé"
Nathalie Welte, la vice-procureure de la République, veut alors savoir pourquoi il n’a pas donné aux policiers le code de déverrouillage de son téléphone portable. "Parce que je n’avais pas envie", explique-t-il. "J’ai des trucs perso…" La présidente partage, dans la foulée, la "suspicion" du siège. Ce qui fait quelque peu bondir le mis en cause : "Ce n’est pas bien de juger quelqu’un par rapport à son passé." "Mais ça fait beaucoup de choses…", note la juge.
Dix mois sont requis par le ministère public
Le parquet revient sur les raisons, liées aux faits de 2019, pour lesquelles "on ne peut pas le laisser se promener où ils ont été commis". Huit mois de prison sont requis, mais le ministère public ne s’oppose pas à ce qu’ils soient purgés sous bracelet électronique…
La défense sollicite "une décision juste"
Conseil de la défense, Me Sophie Bonnaud dénonce "l’interprétation" des enquêteurs, leurs "suppositions". Elle rappelle que son client s’est montré "coopératif" lors de l’interpellation, qui s’est déroulée "sans usage des menottes". Pour l’avocate, qui apporte la preuve que la maman est malade, "il y a un décalage entre ce qu’on peut penser de la situation et ce qu’il s’est passé". Elle réclame "une décision juste" qui "n’annule pas tous les efforts" de ce jeune pour se réinsérer.
Il ne retournera pas en détention. En effet, le tribunal le condamne à huit mois d’emprisonnement, qu’il effectuera sous bracelet électronique.
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