Comment se réconcilier avec sa vie intime pendant la maladie

  • En cabinet Céline Lafabrie lève les tabous et les fausses croyances sur la sexualité pendant la maladie.
    En cabinet Céline Lafabrie lève les tabous et les fausses croyances sur la sexualité pendant la maladie. Midi Libre - Sabrina Khenfer
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Sabrina Khenfer

Taboue et souvent mise à mal, la sexualité est pourtant une alliée de taille face à la maladie.

Au Japon, le Kintsugi est l’art de réparer un objet brisé, en céramique ou en porcelaine, avec de la poudre d’or. Une méthode ancestrale qui sublime les imperfections et démultiplie la valeur initiale des choses.

"C’est une métaphore que j’aime partager avec les personnes que je reçois, explique Céline Lafabrie, sexothérapeute et thérapeute de couple à Mende. Particulièrement lorsqu’il s’agit de faire face à la maladie et à ses conséquences sur le corps et le mental. Des choses ont été cassées, mais il est possible de reconstruire une intimité qui soit peut-être plus belle encore."

Un sujet incongru ?

Comme chaque année, octobre s’est paré de sa traditionnelle teinte rose, pour un mois dédié à la lutte contre le cancer du sein. "Movember" ou Novembre bleu, a emboîté le pas pour sensibiliser l’opinion aux maladies masculines, notamment au cancer de la prostate. "C’est une très bonne chose, poursuit Céline Lafabrie, mais malheureusement le sujet de l’intimité, qui est pourtant important à aborder dans le cadre de pathologies, est souvent laissé de côté, comme s’il était superflu, voire incongru. Loin d’être optionnels, le désir et le plaisir peuvent au contraire être un élément très aidant sur le chemin parfois long de la guérison."

En effet, une vie affective et intime épanouie entraîne une sécrétion d’endorphines, aussi appelées hormones du plaisir, qui réduisent le stress et l’anxiété, et diminuent les douleurs. Autant de facteurs prompts à améliorer l’humeur générale et à faire émerger des sensations de bien-être particulièrement bienvenues dans ces moments de vie difficiles.

Pourtant, l’intime est bien souvent mis à mal par la maladie et les traitements lourds. La chimiothérapie, la radiothérapie et l’hormonothérapie ont des effets physiologiques sur le corps et les organes génitaux, comme des sécheresses vaginales ou des troubles érectiles. "Il y a également un impact sur l’image de soi du fait de la perte de cheveux, de l’ablation d’un organe, de la présence de cicatrices, qui peuvent amener à ne plus se sentir ni désirable, ni désirant."

Des solutions existent

Mais alors, comment maintenir ou retrouver, si on le souhaite, une vie intime et sexuelle ? L’accompagnement individuel par un ou une sexologue ou sexothérapeute peut être très aidant. "Cela peut permettre de déconstruire certaines croyances limitantes, accepter ce corps différent, reconstruire une image de soi positive, renouer avec sa sensualité."

Il existe pour cela différentes approches : l’écoute des émotions, la libération de certains blocages, l’appropriation de connaissances en psychologie et sexologie… "Certains professionnels, dont je fais partie, peuvent également proposer, en complément du travail effectué en séance, des exercices psychocorporels à réaliser chez soi, des pratiques d’écriture, des lectures, l’écoute de podcasts comme "Naître princesse, devenir guerrière" pour les femmes touchées par le cancer du sein."

D’autres professionnels, gynécologues ou sages-femmes, andrologues pour les hommes, sont également d’une grande aide pour dépasser certaines difficultés intimes, notamment physiologiques.

Enfin, une thérapie de couple peut être très utile pendant mais aussi après la maladie. Les questions et les appréhensions des partenaires peuvent en effet être nombreuses face à la douleur ou à l’apparente vulnérabilité du corps de l’autre. "Un sentiment de culpabilité peut même parfois apparaître à l’idée de ne plus reconnaître ce corps, de ne plus le désirer de la même façon. Une telle réaction est tout à fait normale. Il faut, pour l’un comme pour l’autre, le temps de se le réapproprier, puis de réinventer ensemble l’intimité du couple, qui peut être encore plus belle." C’est là que l’art du Kintsugi prend toute sa mesure.

Céline Lafabrie, 11 rue d’Aigues-Passes, Mende. Site web : www.celinelafabrie.com
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