Chirurgie cardiaque : un patient du CHU de Montpellier fête ses dix ans sous assistance

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  • Le professeur Gaudard, ici avec le dispositif complet Heartmate 2™. Le professeur Gaudard, ici avec le dispositif complet Heartmate 2™.
    Le professeur Gaudard, ici avec le dispositif complet Heartmate 2™. Midi Libre - codo
  • La turbine du dispositif qui permet d'envoyer le sang vers l'aorte et épauler le coeur qui ne se contracte pas suffisamment. La turbine du dispositif qui permet d'envoyer le sang vers l'aorte et épauler le coeur qui ne se contracte pas suffisamment.
    La turbine du dispositif qui permet d'envoyer le sang vers l'aorte et épauler le coeur qui ne se contracte pas suffisamment. Midi Libre - codo
  • Le dispositif implanté dans la cage thoracique du patient.
    Le dispositif implanté dans la cage thoracique du patient. CHU de Montpellier
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Appareillé en 2013, il vient de franchir un cap symbolique. Une nouvelle preuve de la maturité du dispositif dont le centre hospitalier montpelliérain est l’une des références.

"C’est un peu contraignant mais on est sur terre !", lâche, tout de go,  Pascal Dubuc. Patient du CHU montpelliérain de longue date il a, juste avant les fêtes, célébré ses dix années passés sous l’étroit contrôle de Heartmate ™. Soit un dispositif d’assistance cardiaque dont l’établissement d’Arnaud-de-Villeneuve est l’un des références hexagonales en la matière.

"Quand j’ai été implanté, j’étais dans le coma. Je me suis réveillé avec une belle console de jeu ! Ça a été la surprise. Cela fait un peu peur et puis on s’habitue.... Et comme il n’y avait pas d’autre solution...", raconte, gouailleur, celui qui, désormais, fait figure de pionnier dans le service de chirurgie cardiaque.

De Jarvik 7 au cœur de Carmat, quarante ans d’innovations

Ce 2 décembre 1982, le monde bascule un peu plus vers la science-fiction. Lorsqu’une équipe chirurgicale de l’Utah implante dans la cage thoracique d’un ancien dentiste Jarvik 7, un cœur artificiel alors révolutionnaire. Lequel permettra à son hôte de vivre cent douze jours en quasi autonomie. Quelques mois plus tard, un deuxième patient sera implanté et survivra 620 jours.

Plus près de nous, la société française Carmat développe un cœur totalement artificiel implanté dans un patient âgé de 76 ans à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou, en 2013.

Après avoir rencontré quelques difficultés, Carmat a mis les transplantation en attente. À nouveaux autorisées, celles-ci se font actuellement en parallèle d’une étude clinique exigée par la Haute autorité de santé. Un protocole auquel participe le CHU qui commu iquera sur ce sujet au moment opportun. Chose certaine : le site montpelliérain (dans le top cinq hexagonal pour la greffe cardiaque) est l’un des huit désignés à travers le territoire pour y participer.

Dans le cas de l’assistance cardiaque, des études se poursuivent toujours pour tenter de minimiser la gêne du patient porteur dudit dispositif. C’est notamment le cas en matière d’autonomie. Aujourd’hui, les batteries (et celles de secours) données au patient lui permettent de tenir quatre jour (à pleine charge).

Il est aussi question de remplacer le processus de charge avec la technique de l’induction. Mais celle-ci butte sur des problèmes de brûlures cutanées. L’autre piste de travail porte, elle, sur la réduction des infections liées à l’orifice par lequel passe la ligne percutanée reliant l’appareil à l’extérieur.

"Au quotidien, il y a des petits trucs
auxquels il faut faire attention"

Car voilà donc une décennie qu’il vit avec cet appareillage, greffé dans la cage thoracique et relié à des batteries et un panel de contrôle via une ligne percutanée (une sorte de câble électrique, NDLR) reliant l’ensemble. Soit une longévité jugée "exceptionnelle" par les équipes soignantes. Habituellement, ce dispositif est censé palier l’attente d’un greffon cardiaque et, de fait, implanté pour un temps plus compté.

Pascal Dubuc a, lui, choisi de vivre, dix années de rang, avec ce système accroché à son corps. Devant malgré tout composer avec certaines contraintes. "Au quotidien, il y a des petits trucs auxquels il faut faire attention», concède-t-il. Comme au câble à ne surtout pas accrocher à une poignée de porte. Ou faire une croix sur les bains de mer "et à la pêche. pour ne pas finir comme Claude François !", lâche-t-il blagueur.

Le souffle court de l’assistance cardiaque en France

Dignement fêté dans le service à la fin de l’année, les dix ans d’assistance cardiaque suivi depuis dix ans par le CHU est une réussite mais également l’arbre qui cache la forêt. Preuve, chiffres à l’appui : "Une centaine de personnes est implantée en France chaque année.Cela n’est pas énorme alors que l’on en attendrait trois à quatre cents. Nous sommes assez en retard en Europe même si, après, tout le monde ne peut pas prétendre à bénéficier de l’assistance respiratoire. Les insuffisants y ont malgré tout un accès trop limité car c‘est une technologie peu connue, y compris chez les cardiologues de ville", relève le professeur Gaudard.

Dans son cas précis, Pascal Dubuc a, lui, bénéficié de la deuxième itération du système Heartmate ™. Actuellement, les praticiens utilisent la troisième version de ce système conçu par l’entreprise américaine. La société de l’Illinois a été la première à faire construire un laboratoire spécial pour les produits radiopharmaceutiques, au mitan des années 40. C’est encore elle qui, en 1985, a lancé le premier test de dépistage du VIH (1985).

"Nous avons une trentaine
de patients sous assistance"

Un confort précaire qu’il devrait bientôt quitter, "là prochaine opération, ce sera la greffe !", annonce-t-il à 59 ans, après s’être finalement rendu aux arguments de ses médecins.

"Nous lui avons dit que c’était maintenant ou jamais ! S’il y a toujours un risque supplémentaire à réopérer un cœur, il arrive en meilleure forme. Habituellement, le délai pour une greffe se situe entre deux et trois ans. Là, il a été inscrit. Après, sur un coup de chance, cela peut se faire dans l’année. Sinon, d’ici deux ans (*)", détaille le professeur Philippe Gaudard, le chef du service d’anesthésie-réanimation et adjoint du chef du pôle cœur poumons vaisseaux. Chef de clinique en 2022, resté fidèle à l’établissement, le professeur Gaudard s’attache depuis longtemps déjà à développer les techniques d’assistance respiratoire.

Et le praticien de détailler : "Au CHU, nous avons une trentaine de patients sous assistance dont sept à huit dans l’attente d’une greffe". S’y ajoutent une vingtaine d‘autres qui ne sont, eux, pas sous assistance cardiaque. Sachant que, bon an, mal an, l’établissement procède à une grosse vingtaine de greffes. "C’est dans la moyenne (nationale, NDLR)", poursuit-il.

Mais également que l’implantation de cette assistance est l’agrégation de plusieurs processus assez complexe. "Depuis 2008, nous en sommes à cent-dix implantations.Mais tous les CHU n’ont pas cette autorisation comme, par exemple, à Nice ou Nîmes. Seuls vingt la possède», poursuit Philippe Gaudard.

D’autant que cet acte chirurgical-là demande quatre heures d’intervention. Puis "une semaine en réanimation assortie d’une éducation du patient avant de le laisser sortir au bout de trois ou quatre semaines avec la prise d’anticoagulants. C’est un peu comme dans le cadre d’une greffe", résume le médecin.

Là, "il s’agit d’un cœur partiel qui assiste le ventricule gauche, le plus souvent atteint, notamment en cas d’infarctus. Une turbine pompe le sang et, avec une canule, le réinjecte dans l’aorte pour aider le coeur qui ne se contracte pas suffisamment", caractérise-t-il. Une mécanique de haute volée.

(*) Pascal Dubuc est le deuxième patient vivant depuis le plus longtemps avec cette assistance cardiaque dans l’Hexagone.Certains patients américains ayant, eux, dépassé la décade.
 
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