"Tout ça me dégoûte" : de Narbonne au Canada, l'étrange parcours d'un journaliste écroué pour pédopornographie
Nicolas Laffont, 37 ans, incarcéré le 15 novembre 2023, travaillait à Radio Lenga d'Oc et a reconnu détenir des centaines d'images et de vidéos pédophiles. Il a aussi réalisé des photos du même type sur son lieu de travail. Plus troublant : mis en cause pour des faits similaires au Canada en 2018, il a profité d'une erreur de procédure, grâce à sa profession de journaliste. Et il a aussi réussi à faire des interventions auprès d'adolescents dans un lycée narbonnais.
Un journaliste de 37 ans, qui travaillait dans une radio locale de Narbonne, a fait appel ce mardi 5 décembre à Montpellier de son incarcération pour détention d'images pédopornographiques et corruption de mineur, après sa mise en examen le 15 novembre dernier qui apparaît comme une nouvelle étape dans un parcours inquiétant.
Détecté par les cybergendarmes de Bordeaux
Nicolas Laffont, employé en CDl depuis 2020 par Radio Lengua d'Oc, a été détecté à la mi-octobre par l'antenne de cybercriminalité des gendarmes de Bordeaux enquêtant sur d'importants réseaux et forums d'échange de pédopornographie via la messagerie cryptée Signal.
"213 fichiers images et 104 vidéos non équivoques et mettant en scène de très jeunes enfants, parfaitement explicites" ont été saisis dans son téléphone, sa tablette et son ordinateur professionnel souligne le président de la chambre de l'instruction. Mais aussi "six photos réalisées à partir de son téléphone, le 30 octobre" sur son lieu de travail, où il se masturbe devant le visage d'un enfant en bas âge.
Un attrait ancien, depuis 2007
"Je reconnais les faits, ce n'est plus possible que cela continue comme ça. Tout ça me dégoûte, et je me doutais bien qu'il devait y avoir des policiers infiltrés derrière ces réseaux" a déclaré devant le juge ce Narbonnais, qui a fait un master de communication à Béziers, et qui reconnaît "participer à des groupes de partage d'images pédophiles et mentir sur son âge pour être en contact avec des adolescents de 14 ou 15 ans, sans avoir jamais réalisé de rencontre avec ses interlocuteurs" résume le magistrat. Car son attrait pour la pédopornographie est ancien, ayant eu des démêlés judiciaires pour des faits similaires dès 2007.
Visé par la police de Montréal
Plus étonnant : il a passé plusieurs années au Canada, où il a créé et fait vivre pendant cinq ans un site spécialisé sur l'information militaire, décrochant même un prix, avant que l'aventure ne s'arrête brutalement en 2019. Car en 2018, il fait l'objet d'une perquisition de la police de Montréal, qui a détecté son activité d'échange de pédopornographie de 2015 à 2017 : 2109 photos et 814 vidéos sont saisies dans ses ordinateurs. Problème : cette année-là sont entrées en vigueur de nouvelles dispositions légales pour protéger les sources des journalistes, qui imposent des règles particulières pour une perquisition, et que la police de Montréal n'a pas suivies.
Il profite d'un couac de procédure pour être blanchi
En se servant de cette erreur de procédure, "le journaliste a réussi à convaincre le tribunal de rejeter ces preuves amassées contre lui" comme l'indique le site LaPresse. Les poursuites ont été abandonnées, la juge estimant qu'admettre des preuves irrégulièrement collectées " ternirait la réputation du système judiciaire" québécois.
Blanchi au Canada, Nicolas Laffont a alors tout loisir de rentrer discrètement à Narbonne, et d'y trouver un nouveau job, dans une radio cette fois, où "une procédure de licenciement est désormais en cours" indique le juge. Il y était déjà revenu en 2017: cet homme qui avoue son attirance pour les adolescents, mais cache décidément bien son jeu, avait réussi à intervenir dans six classes de son ancien lycée, pour y raconter son aventure canadienne, comme l'avait alors raconté L'Indépendant.
Voyages au Vietnam et au Népal
Dernier point troublant : Nicolas Laffont a précisé avoir aussi voyagé "aux Maldives, au Népal et au Vietnam, mais pas pour des raisons de pédophilie" a précisé le magistrat. Coïncidence là encore : une simple recherche montre que ce sont des destinations très prisées par les amateurs de tourisme sexuel et de pédophilie, depuis le milieu des années 2010.
L'expert psychiatre qui l'a examiné en garde à vue note "une paraphilie pédophile et une perversion sexuelle" met en garde, "le processus psychique d'excitation par l'image peut favoriser le passage à l'acte."
"La gendarmerie a déjà toutes les preuves en sa possession, je ne retournerais pas sur mon lieu de travail, et il n'y a pas de risque de récidive, je ne vais pas m'amuser derrière à racheter du matériel" insiste-t-il, en l'absence de son avocat, pour appuyer sa demande de remise en liberté. L'avocat général s'oppose : "Un téléphone et une connexion internet ça se retrouve en quelques minutes. Décision jeudi 7 décembre.
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